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394 DE L'ÉTAT ACTUEL DE LA PHILOSOPHIE spéculative sourit paisiblement à toule attaque. Le senti- ment esthétique aussi bien que la morale proscrit le per- sifflage des choses sacrées. Un style clair , des exemples heureusement choisis et des principes calqués en somme sur ceux de Hegel ne suffisent pas pour faire le parfait critique. Hegel lui-même aurait désavoué un disciple qui oublie que, sous aucun prétexte, la sainteté du beau ne doit être pro- fanée. Une série d'articles divers a été réunie par Vischer en deux volumes sous le titre d'Excursions critiques. C'est sous des formes variées le développement des mêmes idées. Une guerre à mort est faite aux « piétistes » dont la cause est confondue avec celle du christianisme et même parfois avec celle du théisme. Strauss par contre est défendu, et son apologie tracée en termes pompeux. Il ne nous reste, selon l'auteur, qu'à choisir entre le méthodisme et la théologie mythique et hégélienne. Si nous voulons être à la hauteur de la science du jour nous nous déciderons bien vite pour ce dernier parti, car la réelle et seule existence de Dieu est celle qu'il a dans l'esprit fini. Vischer a été longtemps agrégé de l'université deTûbingue. Reçu tout récemment professeur d'esthétique, il a prononcé, à cette occasion, sur la théorie du beau dans ses rapports avec les autres sciences, un discours qui, le lendemain de sa nomination, lui a suscité de vives attaques. Proclamant fière- ment dans cette allocution que l'univers et l'humanité étaient la véritable réalisation du principe divin, il déclarai! vouloir, dans ses nouvelles fonctions, combattre à outrance les idées théistes. Il promettait à la plus noble croyance sa haine tout entière ; il se vantait d'être prêt à l'attaquer, à l'écraser par le syllogisme et la satire, par le sarcasme et la science mo- derne. Il annonçait s'êlre élevé à un point de vue purement humanitaire et moral, que d'autres pourraient encore décorer