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374 DE L'ÉTAT ACTUEL DE LA PHILOSOPHIE ces châteaux qui rappellent toute la poésie des troubadours du Moyen-âge, véritables ancêtres des Whland, des Rûckert et de bien d'autres encore de nos poètes contemporains. Tûbingue sur le Neckar est l'école où se forment ces esprits d'élite. Le grand nombre des étudiants qui la visitent, le ta- lent des savants qui y professent, le vif intérêt qu'on y prend à toutes les questions philosophiques, la classent parmi les premières universités de l'Allemagne. Il est vrai que si nous faisons abstraction de la situation actuelle, l'histoire de la savante Ebcrhardo-Carolina ne nous offre guère des hommes illustres dans la série des professeurs de philosophie qui se sont succédé dans cette cité. Il faudrait remonter jusqu'à l'un des premiers recteurs de celte univer- sité, jusqu'à l'époque où la scolastique cédait le pas à la re- naissance, pour rencontrer un nom généralement connu, et pour trouver en Gabriel Biel un homme digne d'être com- paré aux philosophes qui de nos jours sont sortis de Tûbingue. L'esprit si éminemment spéculatif qui règne depuis quelques années dans ce foyer de la science, n'en est que d'autant plus remarquable. Les vifs combats que s'y livrent des prin- cipes diamétralement opposés, la vigueur qu'emploie à se défendre un idéalisme dont la prétention est de créer le monde en le comprenant, le courage que met une théorie plus circonspecte et plus religieuse à proléger le sanctuaire de la foi et à poursuivre dans leurs derniers retranchements tous les propagateurs du Panthéisme, nous offre un spec- tacle curieux que rehausse encore la vue du calme profond auquel cette lutte orageuse a succédé. Le protestantisme est éminemment propre à favoriser le libre développement d'une science qui ne connaît d'autre autorité que la raison, d'autre législateur que l'esprit humain. De toutes les éludes scientifiques celle de la théologie a eu de tout temps les rapports les plus intimes avec la re- *