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                        AMMAM-MESCOUTINE.                          343

    Les matières salines finiront, en se déposant incessamment, par
combler les entonnoirs de dégagement, le rocher se desséchera et
 les sources se feront jour un peu plus loin. Cette pérégrination fu-
 ture est prouvée par l'exemple du passé. En effet, à quelques cen-
taines de pas du lieu où nait aujourd'hui le ruisseau, on rencontre
 un énorme rocher qui, du temps des Romains, donnait passage aux
 eaux thermales, mais aride maintenant, et le long des flancs duquel
on ne voit plus suinter une seule goutte d'eau.
    A une autre époque, les sources, disséminées sur un large espace,
ont élevé des pyramides élancées, hautes d'un à quatre ou cinq
mètres, de configuration à peu près semblable, assez régulièrement
taillées par la nature et peut-être aussi par la main des hommes,
et qui, de loin, blanchissent comme un tronçon de colonne antique,
ou plutôt comme les lourds pilastres des hypogées de la vieille
Egypte. Quelques unes de ces pyramides sont coiffées de touffes
échevelées de grenadiers, dont les vents et les oiseaux ont probable-
 ment transporté les graines dans la cavité qui termine le sommet
des cônes calcaires. Il serait difficile d'évaluer le nombre de ces
rochers: ils couvrent un emplacement qui suffirait à une grande
ville. Ils sont disposés en cercles, en groupes, en lignes. La pre
mière idée qui vient à l'imagination, c'est de les comparera des
pierres tumulaires; les Arabes y voient une joyeuse foule métamor-
phosée en pierres au milieu d'une fête impie, et les anciens con-
tent à ce^uiet une terrible ballade, qui fait trembler de peur tout
l'auditoufc'
    L«•Plains avaient construit à Ammam-Mescoutine un élablis-
sejapt de bains très considérable, comme l'attestent les vestiges
fflpn rencontre encore. Une immense citerne, abritée par un vaslo
Pâtiment, recevait les eaux à leur origine : c'est là qu'elles perdaient
un peu des quatre-vingt dix degrés centigrades qu'elles marquent à
la source. Elles se rendaient ensuite dans une piscine commune,
pouvant contenir cent baigneurs, et dans des bassins particuliers
 dont on retrouve encore quelques restes sous d'élégants portiques
 en pierre rougeâtre. D'autres constructions semblent avoir été des-
 tinées à loger les baigneurs. Un fort et une muraille d'enceinte pro-
 tégeaient les malades qui venaient chercher un adoucissement à leurs




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