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ABBOTSFOKI). 317 pierres tumulaires qui portent des noms illustres. Au milieu de ces choses muettes, rien qui révèle le mouvement el la vie, si ce n'est le cri des corbeaux qui nichent dans les lézardes du clocher, le son de la vieille horloge qui sonne l'heure dans le brouillard, et peut-être le sourd travail du ver dans le sé- pulcre de James, le second duc de Douglas, qui dort son som- meil de mort sous la voûte d'une crypte, près de l'aulel abandonné. Plein de réflexions et d'images mélancoliques, je partis de Metrose en songeant aux violences passées el au calme présent de ce rural séjour. Après un trajet de trois quarts d'heure environ, dans une voilure qu'on me fournit à l'hôtel, j'arrivai à Abbotsford, après avoir payé, à une barrière, cet impôt donl les voyageurs ne doivent pas trop se plaindre, puisqu'il est consacré au parfait entretien des routes dans ces contrées montagneuses. Le château et l'épais rideau de verdure qui l'entoure sont l'œuvre du grand écrivain, qui n'a pas manqué de donner à la construction un air d'irrégularité piquante, de vétusté el de caprice. De quelque côté qu'on le considère, ce château, taillé dans le goût du moyen-âge, ressemble à un roman de Walter Scott. Bien que récent, il est cependant ancien par la forme et la couleur. On dirait que les siècles ont bruni ces pierres extraites, il y a trente ans, de la carrière. Ce n'est point toutefois cetle riche teinte feuille morte, empreinte du soleil sur les monuments du midi : c'est grisâtre et terne comme un reflet du ciel d'Ecosse, ou comme si les vapeurs de la vallée où la Tweed fait ses plus charmants détours, avaient déteint sur ces murailles. Avant même d'entrer dans le château, on se sent dans la demeure du grand collecteur des anciennes choses d'Ecosse. On trouve tout d'abord la porte principale du Vieux Tolbooth, démoli en 1817 , el la chaire du haut de laquelle prêcha