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ABBOTSFOKD. 313 ciens souvenirs. Je m'étais complu à Edimbourg, cette cité vieille et nouvelle, belle et singulière. J'avais visité son an- tique château-fort, qui garde les trésors de la couronne d'Ecosse (Regalia), et la vieille maison du poète pastoral Allan Ilamsay, au milieu des canons ennuyés qui allongent le cou par les meurtrières, sans jamais voir venir un ennemi. J'avais visité tous les établissements et monuments curieux. J'étais monté souvent a Gallon—Hill, cette colline sans ha- bitations, sans jardins, sans arbres, plantée de monuments. De cette hauteur, je voyais à mes pieds l'humble tombe de David Hume, esprit net et lucide, historien philosophe peu goûté des Ecossais. Je voyais aussi le gracieux monument de Burns, joli peiil temple qu'on dirait venu de l'Argolide, et qui semble tout attristé sous le ciel d'Ecosse. Ce monu- ment, bien patriotique, est le résultat d'une souscription qui a pris naissance dans l'Inde. Elle est pleine de grâce tou- chante cette pensée écossaise, venue des profondeurs de l'Asie, pour préparer une glorification affectueuse au poète chéri de la patrie ! Du sommet du Callon-Hill, la vue est étendue et magnifi- que. J'apercevais, du côté de Leilh, les hautes falaises bat- tues des flots ; d'autre part, la ville entière avec ses monu- ments remarquables, avec ses beaux quartiers neufs, aux places régulières, aux rues larges et droites, avec ses vieux quartiers plus curieux, plus caractérisés, le pont jeté, non pas sur une rivière [Northbrige), mais sur une place publique [Grassmarkel), sur laquelle se passa le drame qui ouvre le roman fameux [The hearl of Mid—Lothian), que nous appe- lons, faute de mieux, la Prison d'Edimbourg. Une autre fois, parti des hauteurs que couronne l'antique château-fort, je descendais la rue longue et pentueuse de la Canongale, passant devant la vieille maison de Knox, le réformateur, et devant l'ancienne demeure des comtes de