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314                          ABBOTSFORD.

Moray, de laquelle le marquis d'Argyle vit le généreux
Montroseconduit à la prison voisine, en attendant féchafaud.
   En suivant la déclivité de celte rue si pleine des souve-
nirs de la vieille Ecosse, on arrive au sombre palais d'Holy
Rood. Parmi les ruines de l'abbaye gothique, sous les ar-
ceaux brisés, je vis l'autel où Marie Stuart épousa Henry
Darnley, union qui ne fut pas bénie du ciel, qui laissa dans
l'histoire une énigme funèbre, après avoir fini, comme le
songe de Thyeste, par un coup de tonnerre !
    Je vis encore, dans le palais, la chambre de Marie, son
lit, un portrait qui ne justifie pas trop bien sa réputation de
beauté, elle cabinet mystérieux où elle soupail avec la com-
tesse d'Argyle et David Rizzio, lorsque ce dernier, saisi par
ses assassins, faillit ensanglanter la robe royale, et alla ex-
pirer, dans un corridor voisin, frappé de cinquante-six coups
de poignard.
    Je songeais à cette lugubre trilogie : au favori qui ne laissa
qu'une laclie de sang sur un vieux parquet ; au mari qui laissa
son cadavre mutilé sous les décombres d'une maison ; et à la
reine enfin qui laissa à sa tombe un tronc décapité ! J'allais
sortir, sans plus rien demander à ce palais funeste, lorsque
je me rappelai qu'il avait servi de premier refuge à Charles X
découronné... — et je parcourus encore de vastes salles vi-
des, tristement restaurées, où le passage du vieux roi français
 n'a pas laissé de trace : ce palais des Stuart a bien assez de
deuil !
    J'avais considéré ces choses, et je n'étais point satisfait en-
core. Même le monument élevé à Walter Scott, en pleine
 et large rue (Princess Street), comme celui que nous avons
 érigé à Molière, mais plus beau, ne me suffisait pas (1).

   (i) Cet édifice monte d'un élan superbe et gracieux à une grande hauteur.
Il a l'aspect svelte d'un clocher gothique, à jour, percé d'ogives, orné de