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312 AlSHOiSFORI). tendu quand on lui dira : sir Walter, si vous ne dormez pas, faites-nous donc un de ces charmants contes que vous faisiez si bien!... Mais il dort, hélas! L'imagination qui fit ses prodiges en ce lieu, ne peut rien contre la certitude du tom- beau ; il dort, et l'admiration attendrie, les respects affec- tueux ne le réveilleront pas plus que les murmures de la Tweed, que le bruit du vent qui courbe les arbres qu'il a plantés, que les nuages qui passent lourdement sur les tou- relles de son château désert. Comme dans toute sa vie littéraire— hormis une tentative malheureuse — Walter Scott se montra peu soucieux des choses présentes qui attirent la foule et la discussion, de mê- me il se créa une demeure écartée. En contemplant ce so- litaire séjour, on reconnaît bien vite un esprit détourné du monde actuel, plein des rêveries du passé et des caprices d'antiquaire. Et il bâtit donc son château, comme il lui convenait, en pleine Ecosse, sur sa terre de prédilection, au bord de la Tweed, a quelques lieues d'Edimbourg. Le vent qui venait de là lui racontait les chroniques de la Canongate, ou, s'il souf- flait d'un autre côté, il avait effleuré en passant quelque clan guerrier ou quelque lac fameux, et il portait inévitable— meut un taie (conle) sur son aile. S'il venait de Perth, il lui disait l'histoire de la Jolie fille ou la captivité de Marie Sluart dans ce château de Lochleven, qui n'est plus qu'une triste ruine au milieu de tristes eaux. Et le grand conteur écoulait, tout charmé, ces beaux ré- cits qui s'amassaient en lui pour qu'il les redit au monde, en y laissant le vieux langage, les vieilles mœurs, l'air mon- tagnard et la fleur des bruyères. Il n'y a pas longlemps que, voyageant à travers l'Ecosse, me gardant bien des chemins de fer, je recherchais les mon- tagnes, les bois, les paysages, les anciens châteaux et les an-