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306 ESQUISSE ANALYTIQUE doivent faire partie des êtres organisés sont forcément réduites préalablement à l'état gazeux ou liquide. Nous ne saurions comprendre comment la vie pourrait exis- ter là où il n'y aurait ni eau ni air; c'est surtout d'après ce principe que, d'induction en induction, on a pu contester toute organisation à la surface de notre satellite, la Lune, qui paraît n'avoir ni atmosphère ni eau. Quoiqu'il en soit, sur la terre, la forme gazeuse et liquide des substances est chose nécessaire dans les aliments des corps organisés. L'on serait ainsi conduit à penser que la cons- titution de notre globe n'a pas toujours eu l'état solide actuel, que, dans des temps reculés, les corps qui le composent étaient à l'état de vaporisation et de liquidité. Or, dans les éléments constitutifs de l'air et de l'eau, nous voyons figurer l'oxygène, cet agent si actif de toute composi- tion et décomposition ; l'azote, base des combinaisons les plus compliquées des êtres organisés ; l'hydrogène et le carbone si importants pour le règne végétal ; l'ammoniaque lui-même, puissant excitateur de la végétation. Le règne minéral aug- mente de celte manière les deux règnes des êtres organisés, et la dissolution, la mort des animaux et des végétaux rendent en quelque sorte à la terre cet emprunt momentané. Dans ses leçons brillantes au Collège de France, M. Dumas attribue aux animaux et aux végétaux un rôle tout opposé. Dans cette théorie, les animaux sont comparables â un appa- reil de combustion, de combinaisons, procédant par l'oxy- dation des substances. Les végétaux, au contraire, représentent un appareil de réduction par lequel s'opèrent des décomposi- tions par la désoxydation des matières. Les animaux brûlent, dans l'acte de la respiration, le carbone du sang et le rejè- tent à l'état composé d'acide carbonique; ils brûlent de l'hy- drogène et rendent de la vapeur aqueuse; ils brûlent l'ammo- niaque et l'exhalent à l'état de gaz ammoniac.