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27t>              T     !>D ttOMAN-KKUILLETON.
sées dans les égoùts d'immoralité que recèlent toujours les grande*»
villes; ce sont ces horribles pages où le talent se noie dans la
houe, qui font l'admiration du public et la vogue monstrueuse de
leurs auteurs ; et c'est dans la même voie de publicité qu'ont
adoptée ces écrivains, biographes des vices et des scandales, que
vont entrer, a-t-on dit (1), l'auteur illustre du Génie du Christia-
nisme, et le poète célèbre qui débuta dans le monde par les Médi-
tations poétiques !! !
    Quelles sont donc les exigences qui portent ces gloires de notre
siècle, à s'étaler dans une pareille lice aux yeux de leurs contempo-
rains stupéfaits? Hélas ! la nécessité du gain et la soif de cette cé-
lébrité à tout prix, qui mit un flambeau dans la main d'Erostrate >      '
ah ! plaignons ces beaux génies entraînés par les deux torrents de
 notre époque qui engloutissent, avec tant de talents naissants, ceux
qui avaient déjà conquis le plus de droits à notre estime. Les avan-
tages réels du roman-feuilleton sont de ne pouvoir rassasier ses lec-
teurs qui les savourent à petites doses, par bouchées, irritant leur
appétit sans leur permettre l'indigestion ; c'est de, les laisser tou-
jours inquiets sur le sorl des héros et des héroïnes, et de termi-
ner leurs six colonnes quotidiennes par des lignes mystérieuses qui
 font désirer la continuation du lendemain, c'est d'avoir chaque jour
deux ou trois millions de lecteurs liés par l'intérêt curieux que leur
inspirent les mêmes aventures, et sur la suite desquelles ils se com-
muniquent leurs prévisions, c'est de voyager en compagnie des
nouvelles et des annonces du moment, et de jouir de l'empresse-
ment que chacun met à les connaître ; c'est d'être étalés dans tous
les repaires d'oisifs, qui s'imaginent faire quelque chose en par-
courant la nouvelle à la mode, et s'instruire en se mettant à même
d'eu dire leur sentiment, c'est, enfin, d'être la lecture de tous ceux
qui n'en ont pas d'autres, et qui s'y adonnent avec d'autant plus
de fureur qu'elle seule suffit à leurs besoins intellectuels. N'oublions
pas d'ajouter que le feuilleton est l'article jupe des journaux, que
les dames en raffolent depuis que ses gravelures l'ont rendu pour

  (i) l,o bruit courrail alors que les Mémoires (Coutre-tombe et V'His'.oht' di s
Girontlim allaient défiler dans des feuilletons