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                      IHT U0MAN-FKU1LLKTON.                         "277
elles comme le fruit défendu, et que ces Eve modernes déterminent
l'élancement des Adam nouveaux.
    A tous les éléments de réussite pour lui-même, le feuilleton allie
mille attraits pour les auteurs assez heureux pour y être admis.
En effet, l'auteur ignoré qui veut faire imprimer un volume pour
se tirer de l'obscurité doit, après en avoir payé les frais d'impres-
sion, solder trois ou quatre fois cette même valeur pour le faire
annoncer, entre lo Racahout des Arabes et les serrures Fichet, d'une
manière un peu suivie qui puisse déterminer le public à faire
l'acquisition d'un ouvrage composé par un quidam que rien ne re-
commande encore que son talent. S'il en a, et si l'édition s'écoule
tout entière (par miracle), le pauvre auteur est encore fort en des-
sous de ses déboursés.
   Mais les feuilletonistes ! bonne renommée et ceinture dorée, voilà
leur devise. Tandis que le livre de l'auteur attend patiemment le
chaland sur les rayons d'un libraire, l'œuvre du feuilletoniste vole
sous bandes dans toutes les directions et se répand sur la surface du
globe, chaque jour renouvelle son triomphe, sa gloire est liée aux inté-
rêts de l'humanité tout entière, intérêts discutés sur la feuille dont il
est comme la pierre de l'angle ; le journal qu'il favorise de ses produc-
tions les lui paye au poids du diamant, et devient pour lui un par-
rain obligé qui ne perd pas une occasion de lo porter aux nues, et
de populariser un nom qui fait partie de ses éléments de réussite ;
c'est entr'eux comme une touchante assurance mutuelle, Griffon
vante Syphon, Syphon prône Griffon ; et la feuille n'ajoute aux ad-
mirateurs de son filleul qu'en augmentant ses abonnés, servant les
intérêts et la gloire d'elle-même et de son romancier. O fortuné
commerce, tant que le public, estimable et productif Jobard, voudra
bien l'aider de son innocente crédulité !
  Je ne dis rien du talent de ces Messieurs, si favorisés par la vo-
gue du jour ; chez plusieurs il est réel, et, bien que uotre siècle lo
regarde avec une loupe, il n'en reste pas moins quelque chose aux
yeux de la saine raison ; mais quel profit doit retirer la morale
publique de ces romans dont les héros et les héroïnes ne brillent
souvent qu'à ses dépens? l)o ces romans où, pour stimuler le goût
Ha«é do lecteur, on le galvanise au moyen d'une atroce amplifica-