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240 ESQUISSE D'UNE ANALOGIE gressif, vers le but marqué par le doigt de la Providence. Les révélations me paraissent établir entre l'Humanité et la série divine des rapports et des communications d'un ordre analogue aux relations dont nous avons esquissé le méca- nisme entre l'enfant et sa mère. Pendant la vie embryonnaire, l'enfant est si faible, a tant besoin de sa mère, que celle-ci le porte dans son sein, et, pendant neuf mois, lui commu- nique sa température, et, en quelque sorte, sa vie, en lui transmettant son propre sang pour substance alimentaire. N'avons-nous pas dans cette connexion intime l'image de la révélation directe de Dieu aux premiers humains, révéla- tion que nous affirment non seulement les écritures sacrées, mais encore la plupart des traditions. Dieu alors communi- quait lui-môme avec l'Humanité. Après l'avoir créée, il dispose convenablement l'organe de sa gestation, et, comme une source de vie, comme un sang déjà prêt à l'assimilation, il lui transmet sa parole. Sa voix s'est fait entendre à Adam pour lui donner le signal de son essor (crescite et multipli- camini) dans la carrière que l'Humanité doit parcourir ; le nisus formativus commence dans l'homme universel, et, pour l'alimenter, Dieu est toujours là prêt à lui verser sa parole fécondante et fortifiante, alors même que l'homme, s'écartant de sa loi, viendrait à démériter aux yeux de son maître. Sain ou malade, la mère continuera de nourrir son fruit et de lui consacrer avec la même tendresse tous les soins qui peu- vent lui assurer une naissance facile et une vie heureuse. Son intervention qui d'ordinaire s'accomplit silencieusement, devient plus active et fait place a une vive sollicitude si quelque danger menace le fruit de son amour. Ainsi l'inter- vention personnelle et ostensible de Dieu vient s'ajouter à l'influence plus mystérieuse mais permanente de sa volonté intérieure, toutes les fois qu'un danger menace les générations adamiques ; sa sollicitude qui redouble h l'approche de la