page suivante »
DE L'HOMME ET DE L'HUMANITÉ. 239 devenues la base d'autant de religions. Elevés dans le sein de la religion chrétienne, et'soumettant la raison à la foi, nous repoussons peut-être d'une manière trop absolue la possibilité d'une autre révélation que celle à laquelle nous croyons ; car il n'y a rien que de très raisonnable et de digne de l'idée que nous nous faisons de la bonté et de la justice de Dieu, dans l'opinion qui accorde une valeur encore très grande aux diverses révélations d'où sont sorties plusieurs des religions de l'Orient. Dieu devait- il donc déposséder pour tant de siècles, sinon à tout jamais, •a plus grande partie de l'Humanité des éléments de vie et de développement qui lui étaient indispensables, et des lu- mières sans lesquelles nul progrès n'eût été possible? Il ré- pugne de le croire. Il y a, dans l'ensemble des croyances des peuples encore étrangers à la révélation judéo-chrétienne, trop de vérités morales, philosophiques et religieuses pro- prement dites ; ces vérités portent trop souvent le cachet évi- dent d'une autorité supérieure à l'homme, pour qu'on ose légèrement, sans examen et avec mépris, rejeter tout ce qui n'est pas émané directement de Moïse ou de Jésus. Ce que le fanatisme peut entreprendre, la raison ne le ratifie pas toujours, et l'Humanité entière, plus éclairée que quelques- uns de ses enfants, ne les suivra point où leur aveuglement les entraîne. La nécessité des révélations multiples, mais sans doute inégales, quant à la proportion de vérité qu'elles renferment, nous paraît évidente du moment où l'on consi- dère que l'Humanité, dispersée après le déluge, a vécu jus- qu'ici hors des lois de la véritable unité, et que ses diverses parties, divisées qu'elles étaient et qu'elles sont encore sur beaucoup de points, n'auraient pas manqué de périr si, en l'absence du grand flambeau de la foi judéo-chrétienne, elles n'avaient eu d'autres sources de lumière pour s'acheminer d'un pas moins sûr et moins rapide, mais au moins pro-