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                                DU BUGEY.                               203



                            CHARTREUSES.




                       CHARTREUSE DE PORTES.


    La possession des biens temporels avait perverti le clergé,
 livré aux ardeurs de l'ambition et au faste de l'opulence. Les
 dignités ecclésiastiques, source de richesses et de puissance,
 étaient devenues le patrimoine des familles nobles ; et le
bas clergé, à l'exemple de ses supérieurs, sorti des voies
 évangéliques, était tombé dans le relâchement de la morale
chrétienne. Depuis longtemps ces abus étaient flagrants,
lorsqu'apparurent au commencement du XII e siècle les p r e -
miers signes d'une réaction religieuse. Deux hommes ou-
vrent celle ère de réforme, saint Bernard et saint Bruno.
L'un fait entendre sa voix éloquente contre ce désordre de
l'église ; il s'attache à rétablir la saine discipline des cloîlres
et à rendre à l'église sa pureté el son éclat ; l'autre tend au
même but par des moyens différents : il se sépare du monde
pour pratiquer, en communauté d'autres cénobites, les aus-
térités des anciens anachorètes (1) ; il jelle dans un désert
les fondements d'un ordre qui a traversé les siècles sans
perdre la sévérité de sa règle.
  Bruno, d'abord retiré à Sèche-Fontaine, diocèse deLangres,
se rend auprès de l'évoque de Grenoble, avec six de ses dis—

   (i) Pierre de Cluny, dil le vénérable, parlant de Tordre des Chartreux,
insliluc de son lemps par saint Bruno, dit que les premiers solitaires firenl
profession d'une règle l'on austère, après avoir vu le désordre de plusieurs
religieux qui vivaient dans une négligence criminelle.