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204                  MONOGRAPHIE UISTOK1QUË

ciples, pour lui demander l'autorisation de chercher une so-
litude plus convenable dans les monlagifes des Alpes.
    Les auteurs religieux racontent que ce prélat avait vu en
songe, la nuit précédente, Dieu élever un temple magnifique
sur une haute montagne de son diocèse, appelléc Chartreuse,
et sept étoiles brillantes illuminer l'édifice divin. La pré-
sence de Bruno et de ses disciples, leur nombre et l'objet de
leur voyage, expliquent à l'évêque sa vision. Il leur cède la
montagne de Chartreuse, et va lui-même les mettre en pos-
session de ce désert. Parvenu sur les escarpements de cette
 montagne, Bruno voit avec joie qu'elle présentait par-
 tout l'aspect d'une affreuse solitude, couverte de sombres
forêts, de neiges durant une grande partie de l'année, tour-
mentée par des orages violents, séparée du reste de la terre
par des gouffres au fond desquels aiugit l'eau des torrents.
Celte nature vierge et grandiose convenait merveilleusement
 à ses vues. Il construisit, dans un des plis de la gigantesque
 montagne, le berceau de son ordre (1).
    La vie de Bruno et de ses disciples dans cette sublime
 Thébaïde excita de vives admirations, et réveillant le zèle re-
 ligieux, trente ans après, elle fit de nombreux prosélytes qui
 allèrent peupler les solitudes.
    Soit que le Bugcy recelât des sites sauvages au sein de ses
 montagnes, soit plutôt qu'il fut un foyer de ferveur religieuse,
 il devint la terre privilégiée de l'ordre naissant. L'institution
 s'y pose, s'y développe et y brille bientôt d'un éclat remar-
 quable. Trois chartreuses, pendant la première moitié du
  XIIe siècle, sont fondées dans les trois principales chaînes
 de ses montagnes. L'une de ces maisons, Portes, la pre-
  mière à tous égards, est considérée comme la fille aînée de

   (i) Ephémtrides de l'ordre des Chartreux, par dom Levasseur. — M. I)o-
pei'y, IHst. haij., loin. J, pag. 211.