Pour une meilleure navigation sur le site, activez javascript.
page suivante »
             1 K L ILLUSTRATION TYPOGRAPHIQUE.
              J                                             145

jambe d'un seul de ses habitants, el alors, a quoi bon cet
amas de physionomies repoussantes ? Mais leurs expressions
sont dans la nature, me dira-l-on ; oui, mais la nature les
dissémine, et pourquoi les choisir et les réunir ainsi? Oui,
mais la nature inspire pour ceux qu'elle a si impitoyablement
dotés, des sentiments généreux de compassion, pourquoi
aller à rencontre de ces nobles penchants, el baser un suc-
cès sur l'hilarité qu'on veut faire naître, en exagérant la lai-
deur de ces infortunés ? Pourquoi habituer l'enfance ('i se
moquer d'êtres qu'elle doit plaindre, si elle les rencontre
dans une société pieuse, où la religion et la morale plai-
dent en leur faveur.
   Que, grâce à de jolis dessins, on trouve le moyen de nous
intéresser aux champêtres jouissances de la jeunesse, qu'on
ajoute aux charmes de délicieux épisodes, ou de touchantes
aventures, en nous en retraçant les actions principales : a la
bonne heure ; mais, au nom du bon goût, du bon ton, et peut-
être de la morale publique, plus de ces ignobles caricatures
qui ne ridiculisent pas seulement des costumes exagérés, mais
qui défigurent l'humanité elle-même, sous les traits bas, hi-
deux, repoussants qu'on lui prêle, et par les contes absurdes
et sans portée bien compréhensible où on la met en scène.
Qui de nous, en rencontrant un lépreux, ne se sent ému
de compassion pour ce malheureux, s'il a lu les admirables
pages du Lépreux de la cité d'Aoste? L'illustre auteur de ce
touchant récit a comme entouré cette dégoûtante infirmité
d'une auréole de pitié et d'intérêt, dont nous nous trouvons
imprégnés en approchant du mortel qui en est souillé.
   En scra-t-il de même, quand nous verrons ces idiots, ces
êtres contrefaits, ces figures hétéroclites aux dépens desquels
on nous fait sourire, par la peinture chargée qu'on nous en
retrace. El pourtant, eux aussi sont à plaindre, eux aussi
sollicite notre commisération, eux aussi ont des droits a ce
                                                       10