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                         THEATRES.




 DIOGÈNE, comédie par M. Félix P Y A T . — M r a e D O R V A L . —

                          M.   LEVASSOR.



   Le personnage de Diogène est, ce nous semble, plus propre à
servir de prête-nom à un pamphlet qu'à devenir le héros d'une
comédie. Sur la scène, la crudité du cynique doit s'adoucir jus-
qu'à n'être plus que la mauvaise humeur décente d'un misanthrope ;
car, malgré la liberté d'allures du théâtre moderne, le véritable
Diogène y sera choquant. Or, pour ne pas refaire la comédie du
Misanthrope, après Shakespeare et Molière, il fallait bien essayer
de nous peindre le cynique dans toute sa brutalité ; l'entreprise
était périlleuse, elle n'était pas impossible cependant. Il y a,
de nos jours, dans Athènes, matière à mordre pour des dents
acérées. Après le misanthrope de tous les temps et de tous les lieux,
fait par les illustres génies que nous avons nommés, chaque siècle
peut encore faire son misanthrope ; c'est donc le misanthrope du
XIX e siècle qu'a tenté de réaliser M. Félix Pyat. Il a voulu lui
donner le grand nom de Diogène, nous ne le chicanerons pas
au nom de la vérité historique, et comme ce n'est pas Athènes qu'il
a la prétention de gourmander, nous n'aurons pas la moindre exi-
geance en matière de couleur locale athénienne. Nous savons par-
faitement, malgré la présence d'Alcibiade et d'Aspasie, que nous
ne sommes pas sur les bords de l'Illyssus, qu'importe donc les
dates et la géographie ! Quoique Démostbenes fut encore au maillot
à la mort d'Alcibiade , le député dans la pièce a tout espèce
de droits à disputer Aspasie au fils de Clinias, devenu membre du
Jockei-Club. C'est à Paris que nous sommes en réalité ; c'est au
 point de vue de Paris qu'il faut chercher la vérité, l'a propos et
la profondeur des attaques du cynique. A noire avis, le grand dé-