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9(5                         THKATRKS.
faut de l'Å“uvre provient de ce qu'elle est encore beaucoup trop
athénienne. Avec une intention aussi évidente d'allusion aux choses
et aux hommes de notre temps, l'auteur a heaucoup trop gardé de
la prétention à l'histoire ancienne, il en résulte que beaucoup de
ses critiques n'ont aucune actualité, et ne tombent pas plus sur
Athènes que sur Paris. Il n'aurait fallu rien moins que du génie
pour se tirer de cette difficulté de nous montrer le véritable Paris
derrière la véritable Athènes. Dans le Prologue, nous voyons un
jeune proviucial qui arrive dans la capilale. plein d'illusions et
d'ambition, tel enfin que les romans, les vaudevilles et les drames
modernes nous en dépeignent tous les jours ; seulement, parce qu'il
s'appelle Diogène, il a le droit d'embrasser dans ses hésitations
une plus grande multitude de carrières diverses, que l'étudiant
le plus excentrique, le plus irrésolu et le plus paresseux de notre
quartier latin. Il n'hésite donc pas seulement entre le barreau, le
commerce, la médecine.et la littérature, mais sa vocation est en-
core si peu fixée qu'il balance à la fois entre la plume, le ciseau,
l'épée et la (ruelle. Il ne sait pas s'il sera Sophocle, Aristide, So-
crate, ou s'il sera maçon. Or, il ne sera pas maçon, parce qu'à
Athènes comme à Paris, les maçons se cassent souvent les jambes
en tombant des échaffaudages ; soldat, parce qu'il a vu un in-
 valide mendiant ; poète, parce que Sophocle a de mauvais fils ;
 sculpteur, parce que Phidias est en prison ; voleur, parce qu'il y a
des gendarmes. Qu'est-ce que tout cela nous apprend de réel sur
 les turpitudes et les misères de Paris ou d'Athènes ? Nous n'y
 voyons qu'une chose, c'est que Diogène n'est pas né poète, sans
 quoi il ferait des vers, malgré les fils de Sophocle ; ni sculpteur,
 parce qu'il ferait des statues, malgré la probité douteuse de Phidias;
 ni philosophe, car il ferait des livres, quoique M. de Lammenais
 soit en prison ; ni militaire, car il entrerait dans un régiment,
 quoiqu'on revienne souvent d'Afrique avec la fièvre, ou avec une
jambe de moins. Ce prologue ne prouve donc qu'une chose, c'est
 que le provincial en question n'est bon à rien, quoiqu'il voulut
 être tout. L'inutilité et l'oisiveté, ce sont là de mauvais anté-
 cédents pour se constituer juge et misanthrope, et ce n'est pas
  ainsi quo débute le Timon de Shakespeare. Diogène n'inspire donc