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DÉCOUVERT DANS LE PONT DE PIERRE. 77
méditée, intentionnelle ; et cette mutilation n'est plus, comme
dans les autels tauroboliques du règne de Commode, un témoignage
légal d'un ordre du sénat , proscrivant jusqu'au souvenir d'un
monstre , mais elle est la preuve d'une réaction politique dont
un grand nombre de monuments, à toutes les époques de crise,
ont offert des exemples.
« Notre inscription nous a conservé une date précieuse, ci
qui devient décisive dans la question qui m'occupe ; cette date CM
celle du second consulat de l'empereur Septimo Sévère qui re
pond à l'année 194 de l'ère chrétienne. A celte époque, Sévère,
débarrassé de Didius Julianus, avait encore à lutter contre
deux compétiteurs plus redoutables que ce surenchérisseur des
gardes prétoriennes. Par une politique adroite, il chercha Ã
s'assurer la neutralité d'Albin, pendant qu'il serait aux prises
avec Pescennius Niger. Il offrit donc à ce rival qu'il devait vain-
cre plus tard sous les murs de Lugdunum le titre de César et le
consulat. Albin accepta de la part de Sévère le titre qu'il avait
refusé de la main de Commode. Son habileté le servit mal. La
victoire de Sévère sur Pescennius, la soumission de tout l'Orient
et l'incorporation des légions vaincues dans l'armée des vain-
queurs, lui apprirent trop tard que c'était à Rome et non dans la
Bretagne ou dans la Gaule qu'il aurait dû disputer l'empire du
monde.
« En l'année J94, la rivalité de Sévère et d'Albin ne s'était
donc pas encore révélée, et la Gaule n'avait pas encore été appelée
à prendre parti dans une querelle encore latente, et qui devait se
décider plus tard sur son propre sol. Nos provinces durent par
conséquent reconnaîlre alors, pour empereur et pour César, les
maîtres dont Rome avait elle-même consacré les droits.
« Fondé sur cette exacle appréciation hislorique, et sur l'exa-
men attentif de la forme des lettres que l'érosion laisse encore
reconnaître en partie, je crois pouvoir restituer ainsi les lignes
détruites :
ET D. CLOD1
SEPT1MI ALBIN1 CAES