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48 DE D'ÉTAT ACTUEL DE LA PHILOSOPHIE les autres parties du système. Il critiquait en particulier avec talent le salto morlale par lequel l'idée se transforme en nature, et reprochait avec raison à la philosophie absolue d'être contraire à la liberté. Bientôt après (en 1830), il publia son Esthétique qui, selon quelques critiques, est le plus origi- nal et le plus parfait de ses ouvrages, mais qui, selon nous, ressemble beaucoup trop à un traité de métaphysique, et ne maintient pas assez l'indépendance de l'art vis-à -vis de la spéculation. A en juger d'après ce livre la méthode seule de Hegel devait être conservée ; le panthéiste logique y était l'objet d'une assez vive critique; tout le système de la philo- sophie devait être refait dans un esprit en partie opposé a celui du fondateur de la doctrine absolue. Du reste l'Esthé- tique de Weisse a mis les meilleurs idées de Hegel a profit, et elle a assez bien réussi dans ce triage difficile: car encore aujourd'hui, que l'Esthétique du philosophe de Berlin plus récemment publié a donné une nouvelle impulsion aux éludes spéculatives sur l'art et ses principes suprêmes, c'est sur les questions soulevées par le penseur du Leipzig, tout aussi bien que sur les théories défendues par Hegel, que roulent toutes les discussions esthétiques en Allemagne. Après la mort du célèbre chef de l'école logique, Weisse renia de plus en plus les erreurs de sa jeunesse. Quand les tendances divergentes des disciples jusqu'alors humblement soumis à l'autorité du maître se firent jour et donnèrent naissance à ces discussions interminables dont l'amertume toujours croissante a si puissamment hâté la décadence du hégélianisme, l'auteur de l'Esthétique déclara hautement (en 1832),. dans une publication sur l'état de la philosophie au moment de la mort de Hegel, que le système de l'idée pure, menaçait de changer l'univers en un fantôme méta- physique. La vie de la nature et le véritable mouvement de l'histoire, disait-il, ont été sacrifiés à un aride scolasticîsme;