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kk DE L'ÉTAT ACTUEL DE LA PHILOSOPHIE l'existence des causes finales ; les deux et la terre racontent la gloire du Très-Haut ; la sagesse du Créateur se voit comme à l'œil dans les merveilles de son ouvrage. Des considéra- lions de celle espèce constituent ce que l'école appelle la preuve téléologique. Des noms illustres pourraient être cités à l'appui de celle démonstration. Drobisch aussi l'admet. Si cet argument, ajoute-t-il, ne donne pas une certitude absolue, il conduit du moins à une probabilité tellement grande qu'elle équivaut à la certitude. Plus sévère que ce penseur ou pour mieux dire plus jaloux d'ôter toute prise à la critique quand il s'agit de l'idée qui nous est la plus chère, nous ne saurions reconnaître à cette démonstration toute la valeur qu'on veut bien lui accorder. C'est une induction qui repose sur l'hypo- thèse que la nature n'est pas un être organique, qu'il est im- possible d'admellre en elle une force plastique, que c'est en dehors d'elle qu'il faut chercher l'élément organisateur et absolu. L'art infini d'un Dieu personnel n'apparaît avec tant d'évidence dans la vie de l'insecte et dans la marche des étoi- les, qu'aux yeux de ceux qui apporlent l'idée de Dieu à la contemplation de l'univers. Au fond, Drobisch met sa confiance ailleurs que dans des inductions téléologiques. Comme ce n'est pas la théorie, mais la vie pratique qui esl le domaine réel de la religion, il pense qu'en s'appuyant sur la morale la piété devient invincible, inattaquable, pendant que la morale elle-même trouve dans la religion un complément sans lequel elle ne saurait subsis- ter. Mais cette idée , sur laquelle esl basé son argument élhico-théologique, ne ravale-t-ellepas à la fois la science des devoirs à laquelle on ravit l'indépendance, et la philosophie de la religion devenue un corollaire de la théorie des lois et des mœurs? Esl-il vrai que la foi en un ordre moral des choses implique la croyance en un ordonnateur suprême ? Esl-il vrai que la possibilité d'aspirer avec persévérance â la