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DANS LES UNIVERSITÉS DE L'ALLEMAGNE. 45 vertu est subordonnée à la foi en l'existence d'un Dieu per- sonnel? A nos yeux, les travaux de Fichle ont depuis long- temps démontré le contraire. Pour reposer sur une sphère à part de notre vie spirituelle, notre foi sacrée en la personna- lité de rÊtre-Supréme n'en est que d'autant plus inébranla- ble. La seule démonstralion dont la religion ait besoin est le simple exposé de son origine et de sa nature. Le fait de notre tendance vers l'absolu, voilà la racine de notre foi religieuse. N'en serait-il pas une justification suffisante? La croyance en uu Dieu saint et bon, créateur et père de ses créatures, la- quelle est le produit naturel d'un sentiment indestructible, n'est-elle pas mise, par la nécessité même de ce sentiment, ii l'abri de tous les doutes aux yeux des esprits sérieux? Du reste, l'ouvrage de Drobisch a des mérites incontes- tables et que nous nous empressons de signaler. Le scolasli- cisme de la science absolue y est heureusement attaqué; le panthéisme, si répandu naguère en Allemagne, est reconnu et proclamé incompatible avec la moralité et la piété; le ca- ractère de la personnalité est revendiqué à l'idée de Dieu comme son complément le plus important et le plus indis- pensable. Les caractères fondamentaux de la religion sont bien esquissés : son indépendance de la pensée spéculative est maintenue. L'auteur montre avec bonheur qu'il y a néces- sairement dans toute religion des éléments positifs. Il déroule devant nous avec art les diverses phases que la piété a par- courues. On pourra différer de Drobisch sur des questions qui ne sont pas sans importance ; on regrettera, sans doute, aussi qu'il ait jugé bon de passer sous silence les idées si essen- tielles d'immortalité, de mal moral et d'autres semblables; . mais toujours est-il qu'on sera forcé d'avouer que, comparée à la doctrine de Hegel, la philosophie religieuse de Drobisch constate un immense progrès et est un des signes les plus heureux de notre époque.