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28 DE L'ÉTAT ACTUEL DE LA PHILOSOPHIE connaître, ni parce que chaque monade à part serait suscep- tible d'étendue et de durée. Notre pensée revêt nécessairement ces formes en vertu des lois qui régissent l'acte de connaître partout où il a pour objet une multiplicité de monades. Qui ne préférerait à tout ce qu'il y a de forcé dans celle partie de la métaphysique d'Hartenstein (synechologie, de TO avveyes, ce qui tient ensemble), la vieille doctrine de l'origine des idées de temps, d'espace, de mouvement dans l'expérience sensible? ou bien celte dernière explication serait-elle trop claire pour être admise en philosophie ? Viennent enfin toutes les obscurités qui enveloppent la notion du moi ; viennent les mystères de notre propre exis- tence, les abîmes que cache le cogito ergo sum, les contrarié- tés qui se trouvent dans notre nature, les difficultés qui en- tourent la théorie de la connaissance. Avoir conscience de soi-même, dil Harlenslein, c'est se contempler non seule- ment pensant, mais encore s'efforçant d'avoir la conscience du moi ; ce n'est pas seulement se contempler dans cet ef- fort, c'est encore réfléchir sur cette contemplation même, et ainsi de suite. L'idée du moi semble donc ne pouvoir être réalisée que par le moyen d'une progression sans fin, ce qui équivaut à la dire irréalisable. Le herbartianisme déclare que pour résoudre celle difficulté il suffit de concevoir le moi non comme identité du sujel et de l'objet, mais comme le centre d'une grande série de notions toujours changeantes, comme le produit du mouvement continuel d'une foule de pensées qui se croisent en un môme point et se rencontrent en un même lieu. Explication qui, elle-même, aurait besoin de plus d'éclaircissements que le problème sur lequel elle doit jeter des lumières ; théorie insaisissable à laquelle s'ajoutent des considérations tout aussi abstruses sur la nature de ces pensées et de ces images dont l'ensemble constitue l'enten- dement humain. Toute celte partie de la métaphysique de