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ni! UÉNIK LITTBIUIRK T)K L'EUROPE. -V91 tendances diverses, enrichie de tous leurs souvenirs, puisant avec un égal bonheur dans les traditions anciennes et mo- dernes, ouvrait un champ immense, inépuisable aux inspi- rations du génie ? Aussi quelle grandeur, quel éclat signala ce règne incomparable dont la gloire se projeta alors sur l'Europe attentive, subjuguée ! Descaries et Pascal, Cor- neille et Racine, Bossuet cl Fénélon, Molière et Lafontaine, Boileau et Massillon, quels noms, quelles œuvres magnifiques qui attestent le triomphe de la France, et expliquent l'ir- résistible empire qu'elle a conquis pour le garder ! Le règne de Louis XIV fui comme un temps d'arrêt, une époque d'inaction pour tous ces peuples jadis si fiers de leur littérature ; et lorsque l'Angleterre, rivale infatiguable, se montra de nouveau dans la lice, ses premières productions lurent un hommage à la haute civilisation française. Dryden introduisit la rime dans ses vives et capricieuses saillies ; Pope le suivit, plus sage et plus correct , exprimant en beaux vers de généreuses pensées, pendant que Swift et Addison fixaient la prose par d'ingénieuses critiques, que Locke ana- lysait l'entendement humain, et que Newton, sublime in- telligence, lisait au front des deux la loi de l'univers. Les beautés delà nature furent chantées par Thompson, les souf- frances intimes par Gray et Young ; la vie sociale fut digne- ment reproduite dans les pages de Richardson et de Fielding, l'histoire dans celles de Hume, de lloberlson et de Gibbon. C'était le moment où la France affaiblie, humiliée dans son rôle politique, mais soutenue dans les sciences et les lettres par les grands noms de Montesquieu et de Bull'on, de Rous- seau et de Voltaire, couvait dans son sein l'incendie qui devait embraser toute l'Europe, el faire jaillir, du milieu des liorreurs de la discorde el de la guerre, l'indestructible base des droits les plus sacrés, l'arche de salut des siècles futurs. Dans la dévorante activité qu'excitèrent ces bouleversements,