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466 MONOGRAPHIE HISTORIQUE En résumé, le Bugey présente un caractère religieux très remarquable, pendant cette période des Xe, XIe et XIIe siècles. Ses trois évéques, les évêques de Belley, de Genève, de Lyon, ses puissants abbés d'Ambronay, de Saint-Rambert et de Nantua rivalisent de zèle à créer sur son territoire des prieurés ; ils font contribuer les princes et les seigneurs à cette œuvre qui intéresse le culte. Aucune province, eu égard à son étendue, n'a eu plus d'établissements de ce genre ; aucune autre aussi n'a eu plus de part au mouvement religieux du XIIe siècle. En quarante ans, trois chartreuses et deux abbayes son nées dans son sein de cette ardente réaction. Dès leur naissance, ces monastères sont devenus considéra- bles. Les Chartreuses ont produit des personnages dont les noms brillent dans les fastes religieux de cette époque sail- lante. Bien que petite, notre province eut alors une grande importance aux yeux du monde chrétien ; elle est restée célèbre dans les annales monastiques. La Chartreuse de Portes, cette pépinière de prélats, seule, eut illustré le Bu- gey ; elle vit saint Bernard et le roi Louis-Ie-Jeune, attirés est forteresse et monastère tout à la fois. Monsieur le Prieur de cette Char- treuse, commandant de la place, reçut cette abbesse avec toutes les honnêtetés qui lui sont dues. Madame l'abbesse de Laval l'accompagnait. On servit un magnifique dîné. La compagnie se trouva nombreuse, tout ce qu'il y a de re- marquable dans Belley et aux environs s'étant empressé de venir rendre ses devoirs à la nouvelle abbesse. « On passa Paprès-dînée dans la Chartreuse pour éviter la chaleur, et on arriva à Belley sur les sept heures du soir, avec un fort grand cortège de car- rosses. M. le grand vicaire, frère de M. Bruyset, major-général des dragons, se trouva en habit de cérémonie à la porte de l'église, en l'absence de M. de Belley. Cette église était richement ornée. Il introduisit l'abbesse dans le couvent, et fut témoin de tous les actes qu'on est obligé de faire dans une semblable occasion. Les religieuses n'oublièrent rien pour marquer leur joie et leur respect à la nouvelle supérieure. »