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   Rien n'aura manqué au succès qu'ont obtenu, à Lyon, les
sœurs Milanollo, ni les fêtes, ni les médailles décernées, ni
les fleurs ni les vers. Voici les strophes que notre poète
Victor de Laprade leur a adressées au nom des pauvres, dans
le concert donné par ces Artistes au bénéfice de l'œuvre de
Saint-Vincent-de-Paul.
              A TÉRÉSA ET A MARIA MILANOLLO.

      L'archet est sous vos doigts la baguette des fées;
      Il sème, autour de lui, les rayons et les fleurs,
      Il rend aux yeux taris la volupté des pleurs,
      Il fait naître, à vos pieds, de gracieux trophées.

      Mais c'est trop peu pour vous de charmer les heureux,
      D'appeler sur leurs fronts l'essaim des rêveries,
      De rendre aux cœurs blessés leurs visions chéries,
      Les parfums des printemps évanouis pour eux.

      Votre archet merveilleux évoque tout un monde,
      Quand la pieuse aumône en inspire les sons,
      Des pays enchantés que votre main féconde,
      Si nous avons les fleurs, le pauvre a les moissons.

      Comme un rayon du ciel force une terre avare
      A livrer ses épis au colon exigeant,
      Vous forcez les plaisirs avec un art plus rare
      A produire le pain qui nourrit l'indigent.

      Vous appelez nos cœurs, sans que nul vous résiste,
      Vers le pauvre oublié dans ses réduits étroits;
      Vous donnez en un soir, de votre main d'artiste,
      Une aumône splendide à surpasser les rois.

      Sœurs des anges, merci; nos jardins, nos poètes
      N'ont pas assez de fleurs pour vous en couronner ;
      Un plus digne laurier vous attend loin des fêtes,
      Les pauvres et Dieu seul peuvent vous le donner.

      Couronne douce au cœur comme votre harmonie!
      Palme qui doit survivre aux applaudissements !
      La charité, plus belle encore que le génie,
      De sa blanche auréole orne vos fronts charmants.
                                                    V . de LATRADK,