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350                           FACHIEL.
sente au ministre Fouché, qui lui donna un emploi dans son minis-
tère de la police et ne larda pas à le nommer son secrétaire parti-
culier.
   Il peut paraître étrange qu'un homme qui devait acquérir une
si haute réputation littéraire qu'on a dit que nul autre n'avait émis
plus d'idées nouvelles que lui, il peut paraître étrange qu'avec la
bonté de cœur dont il a toujours fait preuve, ait débuté par un
emploi dans la police, où la délicatesse d'un homme peut être sou-
vent blessée ; mais pour ceux qui savent dans quel embarras se
trouve un jeune homme arrivant à Paris, ils lie trouveront rien d'é-
tonnant dans la première position de Fauriel, surtout quand ils ap-
prendront que, dans l'exercice de ses fonctions, il s'attira l'estime
et l'amitié de ceux même qu'il était obligé de poursuivre, par l'in-
dulgence qui accompagnait ses actes et que blâmèrent très-souvent
ses supérieurs.
   En 1802, il donna sa démission et alla faire un voyage dans le
 midi de la France.
   Il revint ensuite à Paris et ne tarda pas à se lier avec Mme de
Staël et Mme de Condorcet qu'il avait rencontrée un matin au Jar-
din des Plantes. Il était reçu dans le monde philosophique et litté-
raire le plus à la mode. Mme do Staël arrangeait exprès pour Fau-
riel un petit dîner avec M. de Chateaubriand, qui envoyait au jeune
Stéphanois son Génie du Christianisme tout frais éclos de l'impri-
merie.
   Fauriel avait entrepris à cette époque une collection des classi-
ques, qu'il n'acheva pas ; une Histoire du Stoïcisme qui, en 1814,
fut emportée par les Cosaques. Un domestique infidèle livra ce tré-
sor littéraire; ma!s on peut bien, tout en le blâmant, pardonner à
un valet cette trahison, à une époque où l'on en tolérait bien d'au-
tres en France...
   L'origine des langues, celle des poésies depuis Homère, l'histoire
de la Gaule méridionale, une foule de travaux d'érudition occupaient
alors Fauriel. Il se lia d'une étroite amitié avec le poète italien
Manzoni, dont il introduisit la muse en France. Ce fut pendant un
voyage en Italie auprès de son ami que Fauriel enleudit ce cri su-
blime de l'insurrection grecque qui brisait les fers de sept cent mille