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340 HISTOIRK DE L'ART MONUMENTAL
Est-ce à dire que je veuille proscrire la philosophie des
sociétés futures? Dieu m'en garde. II arrive une époque où
la philosophie est un besoin de l'humanité, et je crois même
que la société sera imparfaite tant qu'à la popularité de la
lumière traditionnelle, ne se joindra pas la popularité de la
lumière rationnelle. Mais je tenais à établir que la religion,
Dieu merci, lient au cœur de la société ; que la raison indivi-
duelle ne pourra jamais la détrôner, et il n'est pas mauvais
que les artistes en soient convaincus pour conserver quelque
espérance en l'avenir de l'art auquel ils ont voué leur culte.
Nous avons tous lieu d'espérer. Sans doute le monde avait
besoin de passer par cette crise d'individualisme. L'interven-
tion providentielle, qui ne fait jamais défaut au genre humain,
nous l'avait réservée comme l'annonce de quelque grande
initiation. J'ai foi en l'avenir de l'art parce que j'ai tout
simplement foi en l'aveni- du Catholicisme, et que je sais
qu'il y a dans le vrai un besoii. invincible de s'exprimer par
le beau. Si l'humanité n'a pas toujours la vertu de la religion,
elle en a toujours la passion. Non, le moyen-âge, pas plus
que l'antiquité, n'a été le dernier mot de l'art. La société du
moyen-âge était elle-même très incomplète, et aujourd'hui
encore, l'Évangile n'a pénétré que la surface de la nôtre.
il est absent de la plupart de nos institutions, encore fon-
dées sur le droit de l'antiquité. Nous marchons vers l'unité
dogmatique, littéraire et artistique. Toutefois qui sait si celte
unité n'aura pas un autre caractère que l'unité des temps
passés? qui sait si celte unité, fondée jusqu'à nos jours sur le
despotisme, ne doit pas trouver sa future réalisation dans la
charité et dans son mode pratique qui est l'association? La pé-
riode actuelle, dont l'organisation a pour base la liberté et la
concurrence ne serait alors qu'un état transiloire. De nouvelles
créations sortiront du sein de la terre. Des monuments s'élè-
veront en rapport avec des institutions essentiellement diffé-