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           DANS L'ANTIQUITÉ ET AU MOYEN-AGE.                329

puissants de la science. Celte distinction radicale a dû pro-
duire une dissemblance énorme, ainsi que nous pourrions le
voir, si nous en avions le temps, entre l'architecture chré-
tienne et toutes celles de l'antiquité. M. Balissier ne consi-
dère pas la civilisation égyptienne comme issue de la civi-
lisation indienne : il pense que l'Ethiopie et l'Inde sont sim-
plement deux rameaux simultanés de la branche sémitique,
ce qui explique, par la perpétuité d'une même tradition, l'ana-
logie de leurs monuments. Le IIP livre est rempli par la Grèce,
qui fit faire à l'art et à la science un pas si énorme. Avec
une religion qui renfermait tout ce que la matière et le sen-
sualisme peuvent contenir de poésie, avec un ciel qui arrê-
tait les contours des monuments avec une merveilleuse net-
teté, l'art de la peinture, de l'architecture et de la sculpture
arriva à un degré de perfection dans la beauté de la forme
qui fait le désespoir des artistes modernes. M. Balissier, au
livre IV e , consacre quelques pages à l'Elrurie. L'architecture
de ces peuples est encore un peu dans le travail de la con-
ception, mais je reprocherai à M. Batissier d'avoir omis de
parler fles vases peints. Je sais que la science moderne a r e -
vendiqué à la Grèce l'honneur de cette production, mais quoi-
qu'il en soit, et bien que cette sorte d'ouvrage ne rentre pas
précisément dans l'art monumental, il est permis d'attacher
une haute importance à des œuvres d'une semblable perfec-
tion. Je n'ai rien vu de plus exquis de formes que la plupart
de ces figures, et beaucoup, pour moi, ne le cèdent pas à ce
qui nous reste de Phidias. Quelles racines le sentiment du
beau avait-il jeté dans ces peuples, pour que les potiers de ce
temps-là pussent trouver de semblables chefs-d'œuvre? Ce
qui ne me surprend pas moins dans ces sortes d'ouvrages,
c'est le sentiment de la dignité. Il en est, du reste, de même
de la statuaire grecque à la belle époque de Phidias. Ce n'est
que plus tard, et avec la corruption de la société antique