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ARBOTSFORD. 323 « un long cri de douleur retentit dans les montagnes, lorsque les échos y répétèrent la funèbre nouvelle. Le peuple s'as- sembla en foule sur les collines pendant les funérailles, pour saluer une fois encore les restes de celui qui l'avait charmé, et lui dire un dernier adieu. En plusieurs endroits, les en- seignes des magasins étaient drapées en noir: un drapeau de crêpe flottait sur le vieux fort de Dernick ; la tristesse élait peinte sur tous les visages ; plusieurs habitants portaient des vêtements de deuil; simple et touchant hommage rendu à la mémoire du grand homme! de ce mOme homme devant le- quel le peuple se découvrait, à Londres, en criant: Dieu vous bénisse, sir Walter ! Hommage qui en dit plus que tous les éloges, expression naïve et charmante qui fait connaître, mieux que les plus beaux commentaires, l'immense popula- rité du nom de Walter Scott. » Quand, dans une dernière pensée de résumé et d'ensem- ble, on considère la trace profonde, Vœuvre de Walter Scott, dans le sens large du mot ; quand on songe à l'influence qu'il a exercée sur les esprits, au goût qu'il a inspiré pour les recherches historiques; quand on se figure tout ce qu'il a introduit d'heureuse nouveauté dans le récit et dans le drame, tout ce qu'il a suscité d'imitation à sa suite, tous les esprits d'élite qu'il a entraînés dans son tourbillon, tout l'étonne- ment et l'intérêt qu'il a soulevés dans l'arène littéraire ; quand on se rappelle l'impulsion immense que ses livres ont donnée à la librairie européenne par leur reproduction sans fin dans tous les pays et dans toutes les langues ; quand on vient à penser qu'il a agi même sur les formes matérielles en vul- garisant ce goût de gothicisme qui se manifeste jusque dans nos maisons et dans nos meubles, on comprend alors ce que c'est qu'un écrivain, cl tout ce que fait germer ce grand se- meur, et combien c'est un grave événement que sa venue dans le monde !