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288 ESQUISSE ANALYTIQUE déclaré des systèmes et des méthodes, il soutint, en principe, qu'il n'y a, en histoire naturelle, que des individus. De là ce manque de suite dans sa manière de faire l'histoire des ani- maux; cependant, entraîné par la nature des choses, il forme encore des groupes d'êtres remarquables par leur similitude générale. Malgré un si redoutable adversaire, De Jussieu éleva une école qui devait bientôt s'illustrer dans la voie des systèmes et des méthodes dont Linnée avait démontré l'utilité pour la mémoire et pour la science, par l'ordre qu'elle introduit dans les études. Le genevois Charles Bonnet fut un contemporain de ces hommes illustres; nous lui devons des expériences ingénieuses et patientes, des observations intelligentes et des méditations savantes qu'il dicta lorsque ses yeux fatigués par le travail des expériences le réduisirent à lui-même. Ce naturaliste, si dis- tingué encore à côté de Linnée, de Buffon et de Jussieu, a laissé dans la science d'utiles travaux. Ses expériences ont dé- montré la régénération de diverses parties du corps de certains animaux ; il expliqua le premier la singulière procréation des pucerons ; il a donné une analyse précise de la fonction respiratoire des feuilles des végétaux, et, dans ses con- sidérations générales sur les êtres organisés et sur leurs facul- tés de reproduction, il voulut constater le principe de l'évo- lution des germes. Le dernier ouvrage de Bonnet est une large et grande contemplation de la nature. Il enchaîne là tous les êtres, et, sans être panthéiste, il y comprend la divinité même du sein de laquelle tout est sorti, et dans laquelle tout doit s'absorber après une existence pendant laquelle toute création doit s'épurer, s'éthérer, se spiritualiser. Enfin, Bonnet, en terminant celte œuvre, interrogeant son esprit profondément religieux, sent naî- tre en lui les pressentiments d'une vérité qui doit bientôt appa-