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                      DU KOMAN-FEUIIXKTON.                         "279
nité, prit sa plume et traça ses lignes dans le corps de la nouvelle
 qu'il enfantait pour la gloire et le profit de son parrain le journal,
et de ses clients le bottier, la modiste et le tailleur :
   « C'était à la soirée do M me la comtesse de Losbech que devait
avoir lieu la première rencontre entre Aloïsa et Lindor; on con-
çoit combien il importait à tous deux de relever leurs avantages na~
turels de tous les charmes que la mode peut y ajouter ; aussi
Aloïsa se fit-elle habiller do pied en cap par Mme Martin (t), et
Lindor demanda à M. Sarlorin (2) la grâce de ses fracs et la séduc-
tion de ses gilets schal : il emprisonna son pied mignon dans les
bottes élégantes et vernies de M. Calso(3], et tous deux, parés avec
le goût le plus pur, marchèrent pleins de confiance au devant l'un de
l'autre. »
    Les numéros, encadrés de parenthèses, renvoyaient le lecteur de
ce passage à l'adresse précise de chacun des industriels cités, et, l'on
doit le dire à la louange de M. A***, il fut fidèle à la protection
qu'il leur avait promise; ce fut chez eux qu'il fit habiller dès lors
 tous les héros et les héroïnes de ses nouvelles. En retour de cette
attention extra-littéraire, M. et M me A"* n'eurent à charger d'au-
cun frais de costumes le budjet de leurs dépenses annuelles.
    La réclame, ainsi mariée au feuilleton, s'y glisse sous toutes les
formes et s'étend sur tous les sujets, souvent pleine de naturel et de
bonhomie, quelquefois gauche et même un peu brutale : on lisait
dans le feuilleton d'un journal de province, il y a peu de jours, à
propos d'une aventure extraite du moyen-âge dont il régalait ses
lecteurs :
    « La marquise souffrait alors d'une épouvantable rage de dents,
et malheureusement pour elle, on n'avait point encore cet admi-
rable eau mëlitone de M. Chartin, d'Angers, qui calme à la minute
ces horribles douleurs, et qui a remplacé tous les spécifiques fal-
lacieux imposés jusqu'ici à la robuste crédulité publique. »
   Encore une anecdote à ce sujet dont je garantis la plus scrupu-
leuse exactitude : « Un jeune auteur de province, infalué de la fié
vreuse manie de faire sonner son nom par toutes les grandes trom
 pettes de la capitale, envoya à l'un de ses amis qui y résidait, un re-
cueil en trois volumes, le priant de s'intéresser au succès de ce!