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.UJV TAMLEAr l)E MUIUIXO. "267 Ireinl bien rigoureusement à l'histoire. La Bible lui fournis- sait une circonstance importante dont il aurai! pu tirer de beaux effets, et qu'il a négligée (1). Les Juifs se sont révoltés contre Moïse : tourmentés par la soif, ils lui demandent si c'est pour les faire périr qu'il les a tirés de l'Egypte ; ils veulent le lapider, lorsqu'enfin Dieu les apaise par le miracle. Un peintre de nos jours, dans ce siècle où en toutes choses l'exactitude historique est une des principales gloires, n'au- rait certes pas manqué de mettre sur quelques figures les dernières traces de cette colère, puis comme contraste, la soumission, le respect, le repentir. Au reste si Murillo n'a pas eu l'idée de ce contraste, ou s'il y a renoncé par la diffi- culté de (oui dire, il en est un autre bien plus important dont il semble avoir été principalement préoccupé, et par lequel il est revenu à l'histoire. Cette foule qui se précipite vers cette eau miraculeuse, avec une avidité brutale, sans mani- fester le moindre étonnement du prodige, sans une pensée de reconnaissance ou de piété, abandonnée tout entière aux sens, et comme incapable de comprendre cette bonté céleste qui vient si clairement de se manifester, n'est-ce pas bien le peuple juif, ce peuple à la tête dure dont parle l'Écriture? ce peuple grossier qui regrette les oignons de l'Egypte, et dont le Tout-puissant lui-même, par ses bienfaits sans cesse répé- tés, peut à peine assouvir l'éternelle voracité ? ce peuple in- grat qui se révolte sans cesse contre son divin guide, comme il se révoltera un jour contre la sainteté même descendue du ciel pour le sauver? Moïse, au contraire, comme dégagé de la loi des sens et étranger par sa nature aux souffrances et aux faiblesses de l'humanité, ne pense pas à étancher sa soif, ou plutôt semble ne pas l'avoir éprouvée. Sa haute taille qui domine la foule, sa physionomie majestueuse, l'enthou- (t) Exode, XVI!.