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2(il               IN   TAUL1.AU DE MCCULMi.

et que les efforts de ses gardiens peuvent à peint1 retenir,
deux chiens sont sur le premier plan. L'un, de forte race,
est parvenu au ruisseau, et, la langue pendante, avec une
expression singulière d'avidité et de bonheur, étanchc sa lon-
gue soif : l'autre, de plus petite taille, appartient à une
de ces espèces qui, vivant dans une plus grande intimité
avec l'homme, ont aussi plus besoin de lui, et comptent
davantage sur ses secours. Il se tient devant sa maîtresse
qui boit -, il la regarde, le museau levé, les oreilles pendan-
tes ; et l'oeil croit voir dans tout son être une sorte de frétil-
lement qui témoigne son désir d'obtenir sa part du breu-
vage. Près de là est un fort cheval qui, nous l'avons vu,
porte un enfant. Il alonge son cou baissé pour boire à
un large vase qu'une femme emplit devant lui. Celle-
ci retire le vase ; et l'honnête animal, déçu dans son
espérance, semble se résigner, non sans peine, à souffrir
encore. Le désir, l'hésitation de la timidité, l'étonnement
de la déception, une sorte de candeur se peignent à la fois
dans son allure; c'est l'âne de Lafontaine, qui tond du pré
la largeur de la langue, en avouant qu'il n'y a nul droit.
Mais le peintre ne s'est pas arrêté là en fait d'intentions pi-
quantes et naïves. A côté, un mouton cherche aussi à s'ap-
procher du vase, mais, à la vue du bras qui le protège,
l'innocente bote s'arrête, l'œil indécis, avec une expression de
stupéfaction niaise qu'il est difficile de regarder sans sourire.
J'ai été surpris, au premier abord, de trouver cette imagination
plaisante dans une œuvre si sérieuse. Murillo aurait-il donc
deviné, dès le XVII e siècle, les théories de M. Victor Hugo sur
le mélange de la comédie et du drame? Il est certain que, dans
noire peinture de cette époque, on ne trouverait jamais un
détail semblable. Les Philippe de Champagne, les Jou-
venet, les Poussin, les Lesueur, les Lebrun auraient cru
manquer à la dignité de l'art, aux bienséances du genre se-