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                              THEATRES.




   A peine Arnal nous a-t-il quitté triste et souffrant, que toujours joyeuse et
bonne fille nous est arrivée M l l e Déjazet. C'est jours de fêle aux Cclestius. La
foule et le rire accompagnent partout la spirituelle et piquante artiste. C'est
toujours même verve, même grâce, mémo fiuesse de jeu. Son organe et sa voix
ont toujours les mêmes sons flûtes et charmants. Heureuse fille qui n'a pas
changé, quand tout a changé autour d'elle ! C'est la Ninon du vaudeville, elle
en a le charme et l'esprit. La comédie a eu M " e Mars, le Vaudeville n'a rien
à envier au Théâtre-Français , ne lui reste-t-il pas M " e Déjazet? Impossible
d'allier plus d'entrain à plus de goût, de mettre plus de désinvolture, pins de
vérité et de vie au service de ces délicieux types qui ont pour noms Indiana,
Verl-Vert, la Comtesse du Tonneau, Li'onide, V/Ă©tillon et tant d'autres. Nous
aurons bientôt sous nos yeux la dernière création de M1'1' Déjazet, ce Gentil
Bernard, qui résume les différentes faces de ce talent toujours si jeune et si
animé, A bientôt un nouveau plaisir pour les habitués des Cclestins.
   — Ligier, ce dernier représentant de l'art tragique, est venu essayer de
réchauffer au Grand-Théàlre le culte des grandes œuvres. C'est là une noble
mission que le gouvernement devrait prendre davantage sous sa protection.
Car encore quelques jours, et la tragédie ne comptera plus en province de
sérieux interprètes. Ht Corneille, Racine, Voltaire, Casimir Delavigne, ne vi-
vront plus alors que dans nos bibliothèques. Ligier glane dans notre ville tout
ce qu'elle contient d'hommes de goût et d'études, et si ses représentations, qui
se trouvent intercalées entre celles de M 1 ' 6 Déjazet et de la Biche au liots, ont
à souffrir de ce contact, tous les amis de l'art lui sauront gré de n'avoir pas
reculé devant un sacrifice d'argent pour nous permettre d'entendre quelquefois
encore un beau talcut et de beaux vers.
   — La Biche ait Bois est décidément eu possession de la vogue. La foule
afflue à chacune des représentations. C'est là un brillant spectacle pour les
yeux. DĂ©corateurs, costumier et machiniste ont vraimeut fait merveilles. Il
faut voir le royaume des eaux et ses habitants, le royaume des légumes, le
château d'acier avec sa cascade d'eau véritable et son ciel étoile, S'ile des
plaisirs avec ses danses voluptueuses, et le palais des fées inondé de lumières.
Splendides costumes, burlesques métamorphoses, changements rapides comme
la pensée, tout contribue à faire de ce spectacle un des plus attrayants et
des plus neufs que nous ayons eu jusqu'ici. La Biche au Bois est appelée à
peupler longtemps encore l'immense salle du Grand-Théâtre.
   —Les journaux de Paris ont annoncé à grand renfort d'éloges une décision
du Conseil municipal do Lyon, par laquelle une somme de 20,000 fr. Ă©tait al-
louée pour la mise en scène d'un grand opéra en cinq actes, d'auteurs de la lo-
calité. [1 n'y a malheureusement rien de vrai dans ce trop superbe puff. Notre
Conseil municipal n'en est point encore arrivé à ce luxe de munificence artisti-
que. Mais M. Fleury s'est chargé de monter à ses frais un grand ouvrage lyri-
que, dont la musique est de M. Louis et le poème de MM. Cormon et Scribe.
ÏSovis aurons les prémices de cet œuvre à la fin de novembre. En attendant les
Mousquetaires de la Heine, celte dernière partition d'Halévy, qui a eu partout un
immense succès, est appelée à en avoir un plus grand encore à Lyon, exécutée
comme elle le sera par nos principaux artistes.