Pour une meilleure navigation sur le site, activez javascript.
page suivante »
166                 BUIXKTIN BIBLIOGRAPHIQUE.
en 1772, à Sassari ; pour un jeune homme de vingt six ans, il y
avait là un heureux prélude. Le poème de Sardoa intempérie nous
 rappelle les meilleures inspirations de la moderne latinité, et pré-
 sente d'excellentes peintures, comme la belle description du mou-
 flon, animal particulier à la Corse et à la Sardaigne. Le P. Car-
boni, sans être ici moins exact que Buffon, a su être plus animé
que lui. Bien que sujet d'un gouvernement ennemi, le Religieux de
 saint Ignace, le professeur d'éloquence latine aimait notre patrie ;
 il était enthousiaste de notre gloire, et avait composé sur les ex-
 ploits de Napoléon un poème en cinq ou six chants, qu'il brûla peu
 de temps avant sa mort, parce que depuis la persécution intentée
au pape, la conscience du P. Carboni était embarrassée des éloges
 qu'il avait prodigués à son héros, comme restaurateur et pro-
 lecteur de la religion.
     Ce modeste Religieux refusa d'être secrétaire des brefs de Pie VII,
 avec lequel il avait été lié en Italie, avant l'élévation de ce pontife ;
et, au lieu de vivre honorablement à Rome, il préféra se retirer
au petit village de Bessude. Là, dans la montagne, il avait un petit
jardin planté de peupliers, d'arbres fruitiers et de vignes. Il y allait
tous les jours composer, se promener, et boire de l'excellente
eau d'une fontaine qui coulait sous les peupliers. Il y avait achevé,
à l'ombre d'un châtaigner, sa Napoléonide. La petite maison qu'il
habitait avec deux sœurs chéries, fut léguée par lui à la pa-
roisse. Il laissa aux Jésuites de Sassari, dont il prévoyait et espé-
rait le rétablissement, sa bibliothèque composée de la fleur de la
latinité. Le P. Carboni mourut, on 1817, à Bessude, à l'âge de
 soixante-onze ans, et fut inhumé dans la chapelle où il avait tant de
fois célébré l'auguste sacrifice, avant d'aller à son poétique asile.
 Il ne se borna pas à chanter des sujets profanes, car il reste de lui
 un poème sur le Cœur de Jésus, et un autre sur la Dernière
 Cène (1).
     L'Espagne comptait aussi, parmi les Jésuites, des savants et des
 littérateurs d'un grand mérite. Nous voulons en citer quelques-uns

  (i) Valéry, Voyaiics m Corse, < l'Ile d'Elbe ei en Sardaigne, loin. II,
                                f
pag, 3',o el suiv.