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           DANS LES UNIVERSITÉS DE L'ALLEMAGNE.                 55

   Il y a dix ans, Biedermann ouvrit la série de ses attaques
contre ce qu'il appelait la méthode génélique de Fichle, de
Schelling et de Hegel, c'est-à-dire contre le procédé qui part
de l'infini, de l'unité, de l'absolu, pour en déduire le fini et le
multiple, par une dissertation latine, qui montrait qu'en sui-
vant celte voie on n'arrivait qu'à des chimères. En effet, nous
ne pouvons nous élever rationnellement aux inductions géné-
rales et aux vérités universelles, qu'à l'aide de données posi-
tives et particulières.
  Bientôt après, Biedermann dépasse les limites du vrai, quand,
dans son essai d'une philosophie fondamentale, il nia en scep-
tique non seulemenl l'existence du fantôme absolu que le
panthéiste met en tête de son système, mais encore celle de
l'Etre parfait dans lequel le théiste trouve le magnifique
couronnement du sien. Il est de l'essence de notre esprit, dit-
il, non de poser l'absolu, mais de nier sans cesse le relatif,
el de supposer constamment à toute chose un développement
ultérieur. Mais est-il donc si difficile de rconnaître que celte
progression même qui nous retient à tout jamais dans les
limites du fini, devient pour l'homme religieux une garantie
de l'existence en dehors de lui el d'une personnalité loule
parfaite?
    En Allemagne, l'histoire de la philosophie du XIX e siè-
cle a été traitée lout récemment par bien des auteurs. 11 sem-
ble qu'une espèce de remords ramène les esprits sur eux-mê-
mes, et à la contemplation de ces nombreux el stériles essais,
dans lesquels on a semblé vouloir épuiser en peu d'années le
champ de toutes les hypothèses possibles. L'ouvrage le plus
important de Biedermann, ce sont les deux volumes qu'il vient
de publier sur Y histoire de la philosophie allemande depuis Kant
jusqu'à nos jours, et sur l'inlluence plus ou moins heureuse
ou funesle que la science des sciences a eue relativement à
 l'industrie, à la culture générale de la nation, et à toute la