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2V ni: L'ÉTAT ACTUEL DE LA PHILOSOPHIE humaine ; toute philosophie dogmatique, et par conséquent aussi le herbarlianisme, n'en sera pas moins toujours inca- pable d'éclairer tontes les questions par la lumière du syllo- gisme. S'il est vrai, en thèse générale, que le penseur doit s'efforcer de se débarrasser des contradictions imposées à notre raison par sa nature bornée, s'il faut avouer que, sous ce rapport, la philosophie prédominante a Leipzig mérite notre approbation, il est également essentiel de ne pas ou- blier que la sphère de nos connaissances est restreinte, et (pie la voix inlime du sentiment est le syllogisme le plus inattaquable. Se faire esclave du raisonnement c'est désobéir à la raison même, qui n'est pas tout entière dans l'argumen- tation par majeure, mineure et conclusion. Au dessus de la dialectique est la psychologie, plus large, plus compréhensive, plus universelle que sa rivale, et tenant compte à la fois des prétentions du syllogisme, des vues divinatoires .d'une intel- ligence supérieure, et des pressentiments sublimes d'un cœur qui pressent les vérités éternelles, parce que les régions de l'absolu sont sa patrie. Admettre des vérités qui semblent impliquer contradiction, ce n'est donc pas se résigner à ne plus s'occuper de philosophie. Bien au contraire, c'est faire acte d'un esprit plus vaste que celui du vulgaire, c'est se montrer capable d'embrasser un champ plus étendu que celui de nos conceptions de tous les jours. Pourvu que les deux termes d'une apparente contradiction, les éléments di- vers d'un mystère philosophique soient psychologiquement établis et fondés sur les besoins et les données de la nature humaine, la raison elle-même demande que nous n'en reje- tions aucun, et que nous les acceptions également. L'infini, dans toutes ses formes, est pour nous une énigme. Dans les nombres, dans l'espace et dans le temps, en physique comme en métaphysique, dans les sciences exactes comme dans les questions spéculatives, dans la psychologie comme dans la