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52                  LA REVUE LYONNAISE
habiles, spirituels, possédant le viscomica, mais n'ayant étudié
que des fractions minimes de la société, des types de fantaisie
qui passent et deviennent des énigmes pour la génération suivante.
Certes, le Voyage en diligence d'Henry Monnier est de la plus
grande exactitude ; aujourd'hui que les chemins de fer ont changé
la physionomie des voyages, qui donc, sauf quelque vieux, pourra
comprendre le portrait du commis-voyageur, du conducteur, du
postillon et le dîner de table d'hôte? Tels furent Carie Ver net,
Henri Monnier, que je viens de citer, Bailly, Pigal, Daumier,
Gavarni, tous emprisonnés dans la société parisienne et dans un
cycle d'une vingtaine d'années, et si nous ne citons pas notre com-
patriote Philippon, c'est qu'il appartient surtout a la caricature
politique et fut plutôt un metteur en scène qu'un exécutant.
   Je ne parlerai pas de quelques sujets isolés d'Hogarth, que j'ai
en portefeuille ou dont j'ai vu les titres, tels que le Combat de
coqs, une scène dans Covent-Garden, les Aventures d'une
fille de joie; il y a là des traits particuliers aux mœurs anglaises,
que je ne puis apprécier. Mais voici deux importantes séries, deux
drames complets, instructifs, vrais et intelligibles aujourd'hui
comme il y a un siècle, ce sont les Aventures d'un débauché, et
surtout le Mariage à la mode, lequel se compose de six. estampes
de la plus grande beauté. Les scènes reproduites dans ces deux
séries se déroulent chaque jour sous nos yeux; ces épisodes du
monde élégant ou du monde qui a la prétention de l'être ont de-
puis bien longtemps causé et hâté la ruine des meilleures races.
Familles d'épèe, de robe, de finance, bourgeoises, agricoles et ou-
vrières, toutes y ont passé, quand une sotte vanité ou une corrup-
tion de mœurs se sont emparé d'elles. C'est la fable toujours
pleine d'actualité de la Grenouille et le Bœuf: la grenouille se
gonfle; on se moqué d'elle; alors elle quitte sa patrie, ville ou
bourg; elle y est trop connue ; elle va à Paris se mettre à la hau-
teur du vice et de la bêtise, pour échapper aux railleries de ceux
qui la savent grenouille, et là elle crève.
  Pour Lyon seulement, je pourrais, si je voulais me rendre cou-
pable d'indiscrétion, dresser une liste longue comme celle de Le-
porello des familles honorables qu'un grain de sottise transplanta
à Paris, et qui n'en sont pas revenues,finiesdans leur descendance,