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432       .          LA REVUE LYONNAISE

 dition rivalisèrent avec l'industrie pour animer cette grande ville.
 Une foule d'Italiens célèbres réfugiés dans ses murs donnèrent aux
 Lyonnais ce goût délicat pour les arts du dessin qu'ils ont tou-
 jours conservé. Le contact de ces nombreux étrangers, les livres
 sur l'art ancien écrits en Italie, imprimés et vendus dans les
 grandes Poires de Lyon, développèrent dans cette ville le goût
 des lettres et des arts; et bientôt on compta un grand nom-
 bre d'hommes et de femmes qui se plurent aux travaux littéraires
 et à l'étude du beau sous toutes les formes.
    Le commerce de Lyon prit alors un développement des. plus
 considérables. Il se fonda des fortunes opulentes qui permi-
 rent, dans la suite, aux familles enrichies par le négoce, de faire
 occuper par leurs enfants les premiers rangs dans les armées,
 dans l'église, dans la magistrature et à la cour. Le commerçant
 n'est plus l'objet du dédain de la noblesse. Tous les corps de mé-
 tiers,- les épingliers, les cordiers même occupent une place des
 plus honorables dans la société lyonnaise, et leurs enfants reçoi-
 vent l'éducation la plus soignée et la plus distinguée. Je n'en
veux d'autre preuve que Louise Labbé, dite la Belle Cordière,
qui avait reçu dans sa famille l'instruction la plus brillante, et dont
la maison fut constamment le rendez-vous de ces hommes aux-
quels les facultés intellectuelles ont donné et donneront, de tout
temps, la plus grande supériorité sociale. « Les négociants d'alors,
dit avec raison M. Dumas, dans, son Histoire de VAcadémie de
 Lyon, ne regardaient pas l'élude des lettres et des sciences comme
incompatible avec le commerce. C'est dans leur sein qu'ils cher-
chaient un noble délassement à leurs travaux. »
    L'enseignement public fut l'objet de toute la sollicitude du con-
sulat de Lyon. Les grandes écoles épiscopales du cloître Saint-
Jean ayant perdu toute leur importance par la fondation de l'Uni-
versité, la jeunesse lyonnaise en était réduite à des maîtres sans
valeur. On se voyait obligé d'aller suivre les cours des Universités
de Paris, de Toulouse et même d'Italie. Mais, si nous en croyons
Symphorien Champier, « ces escoliers, au retour de l'estude, au
lieu d'ung livre et de science, ne rapportaient souvent qu'un
Cousteau ou rapière à leur ceinture pour ribler. » .
   Pour remédier à une situation aussi fâcheuse, Symphorien