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                      ACADEMIE DE LYON                              255
l'historien Gregoro vius sur le même sujet. M. Charveriat rappelle que
la cause prédominante de la guerre de Trente ans a été la question
de la sécularisation des biens ecclésiastiques. Il montre que lès
protestants, divisés entre eux, surtout quand il s'agissait de rivalités
entre calvinistes et luthériens, firent, par leurs appels à l'interven-
tion étrangère, prendre à la guerre un caractère plus politique que
religieux. Entre ces compétitions diverses, un Etat intermédiaire,
le Brandebourg, en suivant, au milieu des fluctuations de la lutte,
une politique précise d'agrandissement, recueillit presque seul
dans le nord les fruits de la paix de Westphalie.
    Les catholiques n'étaient guère plus unis que les protestants.
 L'Espagne, représentant la branche aînée de la maison d'Au-
 triche, jalousait la branche cadette. Les princes catholiques
 étaient au moins aussi opposés que les protestants à la monarchie
 unitaire et absolue que Wallenstein rêva un moment d'établir au
 profit de l'Autriche. Dans le Midi, se trouve aussi un État inter-
 médiaire, la Bavière, qui poursuit ses projets particuliers d'agran-
 dissement. Là aussi, la politique domine la religion ; car l'Espagne,
 au lieu de soutenir franchement l'Autriche, rêve de s'approprier
 les bords du Rhin pour unir ses possessions de la Franche-
 Comté à celles des Pays-Bas.
    Le Saint-Siège, d'abord dévoué à l'Autriche comme au soutien
 de la cause catholique, se refroidit lorsque l'Autriche voulut
 dominer et l'Italie et le Saint-Siège lui-même. Urbain VIII n'eut
 pas une politique contradictoire. Il distingua fort nettement la
 cause politique de la cause religieuse. Lorsque Urbain VIII refu-
 sait de faire tirer le canon comme signe de réjouissance de la mort
 de Gustave Adolphe, il affirmait simplement qu'il voyait dans la
 lutte de la Suède contre l'Autriche un moyen de faire contre-
 poids à l'ambition,de cette puissance. Ce fut pour le même motif
 qu'il resta neutre entre la France et l'Autriche quand Richelieu
 se mêla à la lutte. Il ne protégea que la Bavière et la ligue des
 princes catholiques, tant que leur but fut de s'opposer à l'envahis-
 sement complet de l'Allemagne par le protestantisme ; mais quand
 il s'agissait de s'opposer à une sorte de domination universelle de la
 maison de Habsbourg, Urbain VIII pouvait et devait rester neutre.
   Après les remercîments du président, M. Rougier remplace au