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414                       LA R E V U E LYONNAISE"

drales, pour élancer dans les airs leurs flèches hardies et ajourées,
ni des merveilleux objets d'art que l'antiquité nous avait légués.
L'art nouveau effaça toutes les traces du passé, il rejeta toutes
les traditions. Né de l'esprit de liberté et d'une révolution complète
dans les mœurs et dans les idées, il ne se renferma plus dans
aucune règle fixe, et nos artistes s'abandonnèrent tout entiers à
leur imagination. Je ne dirai pas tout ce que cet art "nouveau a
produit de grand, de beau et souvent même d'inimitable. Qui ne
connaît ces chefs-d'œuvre en tous genres, et dont beaucoup ont
heureusement échappé aux fureurs de nos trop fréquentes révolu-
tions ? Mais toute chose n'a qu'un temps. Tout passe et tout
change; et cette grande époque a dû aussi entendre sonner sa der-
nière heure. La Renaissance, née en Italie, lui a succédé et a
recueilli son riche héritage, qu'elle n'a accepté cependant que sous
bénéfice d'inventaire. Elle aussi s'est jetée, à son tour, dans des
voies nouvelles, et, se souvenant, de l'antiquité oubliée et incomprise
pendant nombre de siècles, elle l'a recherchée, l'a étudiée avec
passion et s'en est inspirée pour créer à son tour tant de mer-
veillles qui seront son éternel honneur i.
   Généralement c'est au règne de François Ier qu'on fait remonter
cet admirable temps de la Renaissance; mais, comme l'a si bien
remarqué M. de La Borde, elle^est antérieure à ce prince. Elle
était déjà en bonne voie, lorsque Charles VIII, entraînant en Italie
l'élite de la nation, lui montra les restes de l'antiquité éclairés par
le soleil de Rome et deNaples. C'est aussi aux divers séjours que
ce prince fit à Lyon que fut dû le développement dans cette ville
du beau, du luxe et du faste 8 . On lit, en effet, à ce sujet dans les

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     En acceptant la révolution qui substilue le style antique au style ogival, l'archi-
tecture ne se borne pas à copier servilement les modèles qu'on a créés en Italie. Au
CDmmencement du siècle, on la voit poser sobrement, sur un cadre qui a toutes les
formes consacrées précédemment, une ornementation empruntée à l'antiquité, mé-
daillons, coloneltes, etc. Pendant le régne de François Ier. et de Henri II, elle se
dépouille du cachet du moyen âge et rompt avec la tradition ; mais tout en prenant
plus franchement, sous l'impulsion de Philibert de l'Orme, les données de l'art antique
mieux étudié, elle y modifie quelques détails 'et elle fait des combinaisons qui con-
stitueront à Lyon, comme dans le nord de la France, le style français de la Renais-
sance. (Les Beaux-Arts à Lyon, par M. Pariset, Lyon, 1873, p. 101.)
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     Le luxé déployé, lors des entrées solennelles de nos rois dans leur bonne ville de
Lyon, serait incroyable s'il n'était attesté par des témoignages irrécusables. La ma-