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22                       LA REVUE        LYONNAISE
un ami, un amant, un simple membre d'une famille soumise à de
vulgaires besoins. Rien de ce qui est humain n'est étranger à la
poésie. Mais, comme l'humanité elle-même, la poésie traverse
des âges divers : elle commence par être toute la littérature, elle
finit par n'en être plus qu'une branche. Cejour-là, on ne dit plus,
comme autrefois, « le poète; » on dit « le bel esprit, Y homme de
lettres ».
   Horace est le premier des beaux esprits, le prince des hommes de
lettres, au début d'une ère où les grands poètes seront gens de
lettres et beaux esprits. Il a créé la poésie familière, la poésie in-
time, c'est-à-dire la seule poésie destinée à survivre aux-anciens
genres solennels. Affirmer cela d'Horace, est-ce le méconnaître et
le diminuer ? Ce n'est pas le peindre, sans doute : l'Å“uvre est trop
bien faite par Jules Janin pour qu'on essaye si tôt de la recommen-
cer. Ce n'est pas l'analyser et le définir : nous laissons ce travail à
de plus habiles critiques. C'est simplement le nommer par un de
 ses noms, et chaque grand poète en a plusieurs. Mais il y a mieux
 à faire que tout cela, il faut le lire l .

                                           VICTOR DE L A P R A D E ,
                                               de l'Aendémie   française.



  1
    Nous devons à l'obligeante communication de M. Victor de Laprade l'intéressante
étude qu'on vient de lire, tirée de ses essais de critique idéaliste, actuellement en
publication à la librairie académique de Didier et Gle.