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32 LA REVUE LYONNAISE actes.qui la concernent, ont été conservés pieusement dans les archives du château de Feugerolles où ont été recueillis la plupart des documents qui ont servi à composer la biographie de celle que ses contemporains ont appelée la Reine des Vertus. C'est donc d'une dame châtelaine du commencement du dix- septième siècle qu'il s'agit ici ; de l'une de ces femmes de gentils- hommes de province qui ne sortirent guère de leurs terres et prati- quèrent les vertus traditionnelles si salutaires à tous, de la vieille ' noblesse chrétienne. Elle était la seconde fille de Renaud de Cremeaux et de Sybille de Rebé. Je crois qu'avant de parler d'elle, il n'est pas inutile de dire un mot de ses ancêtres, de ses parents, et de la position dans laquelle il plut à la Providence de la placer sur la terre. La maison de Cremeaux, dont le nom patronymique était autre- fois Vernin, ne conserva que celui de la seigneurie de Cremeaux située en Forez, non loin de Saint-Germain-Laval, au pied des montagnes de l'Auvergne. Elle était très noble et très ancienne, et a fourni quatre chanoines- comtes au chapitre de Saint-Jean de Lyon. La seigneurie d'En- tragues tomba dans cette famille par suite du mariage, du 5 oc- tobre 1595, de Claude de Cremeaux, deuxième du nom, seigneur de Chamousset, etc., député de la noblesse aux états généraux tenus à Paris en 1614, avec Isabeau d'Urfé, fille de Claude, baron d'Entragues, lequel était fils puîné d'autre Claude d'Urfé, gouver- neur des enfants de France, et de Jeanne de Balzac d'Entragues. Renaud de Cremeaux, mort en 1633, était fils de Jacques et petit-fils de Claude de Cremeaux, premier du nom, chevalier de l'ordre du Roi, et de Marguerite, ou Madeleine, de Saint-Sym- phorien-Chamousset, dernière de sa maison dont elle porta les biens dans celle de Cremeaux, qui s'est éteinte dans la seconde moitié du dix-huitième siècle. C'est, il me semble, vers le temps où naquit Renaud de Cre- meaux que l'on peut placer le meilleur moment de latnoblesse de province. Les grands feudataires avaient à peu près disparu ; les Valois n'avaient point encore épuisé ces forces vitales au point ou le fit Louis XIV, qui voulait que tout fût peuple, suivant l'éner- gique expression de Saint-Simon; et si Henri IV, notre grand roi,