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                   ISABEAU DE.GREMEAUX                            41

active, dont saint Vincent de Paul était, en ce temps-là, le grand
organisateur par ses associations de dames et de sœurs de charité.
Mais, au fond des Cevennes, on ne pouvait guère alors instituer
des associations charitables; tout retombait donc, ou à peu près,
sur les châtelaines que la Providence maintenait dans leurs terres
en contact perpétuel avec leurs vassaux; et certes, Isabeau n'était
pas de celles qui eussent pu oublier les grands devoirs. d'une
chrétienne placée par Dieu dans une position considérable, pour
être la dispensatrice des biens de ce monde aux chétifs et aux pe-
tits. Digne émule de sainte Chantai, qu'elle ne connaissait cepen-
dant pas, elle remplissait, en Forez, les devoirs qu'à la même
époque environ, la baronne bourguignonne avait remplis chez elle;
unissant aussi, dans le coin de terre où Dieu l'avait-placée, la mo-
destie d'une vie cachée à une. situation prépondérante pour le bien.
   Qu'il nous soit permis de citer en son honneur, toute proportion
gardée, bien entendu, ce qu'a dit M. de Montalembert de sainte
Elisabeth; car, princesse ou femme de gentilhomme, sainte ou sim-
plement chrétienne digne de servir d'exemple, il ne me semble
pas déplacé de les unir un instant. « Elisabeth aimait à porter elle-
même aux pauvres, à la dérobée, non seulement l'argent, mais
encore les vivres et les autres objets qu'elle leur destinait. Elle
cheminait, ainsi chargée, dans les sentiers escarpés et détournés
qui conduisaient de son château à la ville et aux chaumières des
vallées voisines. »
   La conformité des sites, ainsi que celle des saintes occupations
dont il s'agit ici, m'ont donné l'idée de transcrire ce passage, en
dehors de toute prétention de comparer le manoir de Feugerolles
au puissant château de Wartbourg, ce qui serait parfaitement hors
de propos.
   Isabeau ne circonscrivait pas sa vie de chrétienne dans les
œuvres de pénitence et de charité ; elle savait mieux que personne
que les devoirs d'état sont les premiers pour une épouse, une mère
de famille, une femme du monde appelée à faire tout le bien pos-
sible, par tous les moyens qui se trouvent en son pouvoir. Aussi
l'intelligente religieuse, dont nous citions plus haut les paroles,
nous dit-elle que c'était « après les justes soins de son domestique
qu'elle se laissait aller à tout le zèle de sa ferveur ». Une maison