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                      LA REVUE LYONNAISE                                         400
été à leur place, on se trouve comme forcément amené à pensera Plautien, dont
la mémoire a aussi été procrite officiellement après sa mort arrivéje en 203.
Qu'un monument honorifique ait pu être dressé à Plautien en commun avec Sep-
time Sévère, cela n'a rien de très invraisemblable si l'on a présent à l'esprit ce
que nous apprennent Dion et Hérodien de la puissance un moment extraodinaire
de ce personnage. Porté par l'excessive amitié de Septime Sévère, son compa-
triote, au comble des honneurs, Plautien en avait su profiter pour amasser de
telles richesses qu'elles surpassaient, disait-on, celles réunies de Sévère et de ses
fils, et même celles qu'eût jamais eues en sa possession aucun particulier. La
principale source de trésors si prodigieux provenait de l'abandon qui lui avait
été fait de tous les biens des proscrits. Beaucoup de proscriptions avaient eu lieu
à Lyon après la sanglante défaite d'Albin en 197. Sévère et son rapace favori ont
dû, à Lyon, être fort redoutés et fort honorés. Notre inscription appartient vrai-
semblablement à la période témoin de l'apogée de la prospérité de Plautien, à
l'une des années 202 ou 203, alors que, sénateur et consul en même temps
 que préfet du prétoire, beau-père de Caracalla, s'élevant par son faste et sa puis-
 sance, non à l'égal, mais au-dessus même de l'empereur et paraissant aux yeux
 de tous être lui-même le souverain véritable plutôt que Sévère rabaissé en quel-
 que sorte au rang secondaire, il voyait ériger en son honneur, à Rome même
 et par des décrets du sénat, des statues « plus nombreuses et plus hautes » que
 celles de l'empereur. On sait quelle catastrophe tragique mit subitement fin à
 son insolente fortune et à ses jours. Aussitôt qu'il eut été tué, ses statues fu-
 rent partout renversées et brisées, sa mémoire condamnée à l'infamie, et sa fille,
 l'impératrice Plautille, misérablement réléguée dans une île, en attendant d'être
 délivrée de l'existence par la main du bourreau.
     La restitution proposée a été faite dans la supposition que l'inscription se rap-
 porte à l'année 203 au commencement de laquelle Plautien fut consul pour la
 seconde fois. Dans le cas où elle aurait été antérieure à cette année et même au
 mariage de Plautille, il faudrait remplacer les mots cos. II adfini par le mot
  necessario.
     Un fragment d'inscription découvert à Lyon, il y a peu d'années, et dont il sera
  parlé en son lieu, appartenait au piédestal d'une statue décernée à Plautien par
  l'association des très Galliae.
     D'autres fragments d'une autre inscription pareillement de Lyon et rapportée
  plus loin, font connaître un protégé de Plautien, nommé comme lui Fulvius et qui,
  précisément en 202 et au commencement de 203, était curateur et patron de la
  colonie de Lyon, circonstance qui peut expliquer dans une certaine mesure l'hon-
  neur décerné par les Lyonnais au redoutable favori de Septime Sévère.