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88                   LA REVUE LYONNAISE

   Parmi les peintres de fleurs, au. premier rang, il faut placer
MM. Perrachon et Thurner. Le tableau de M. Perrachon est une
œuvre de musée. C'est La veille d'une fête; dans une brouette,
une gerbe de fleurs est négligemment jetée, et pour donner à
l'œuvre l'esprit d'une allégorie, une volée de pigeons occupe le
premier plan, emblème de l'amitié qui a fait la moisson de "ces
roses. M. Perrachon pense avec raison que le peintre de fleurs, en
introduisant dans son œuvre une idée ou un sentiment, élève ce
genre de peinture et le rapproche du tableau de genre. Le dessin
de la brouette laisse un peu à désirer, et le sable de l'allée^ mal
éclairé d'ailleurs, m'a paru défectueux. Mais il est impossible de
trouver des roses plus éclatantes, plus délicates, j'allais dire plus
voluptueuses, de cette grande volupté que chantait Lucrèce : la
volupté de là nature. J'ajoute qu'un art discret mais certain a
procédé à l'arrangement de ces fleurs, et que leur désordre est très
esthétique. M. Thurner n'est pas de la même école ; il est évidem-
ment impressionniste, et devant son modèle il ne songe qu'au
coloris. Je reconnais qu'il réussit, mais son Retour de la Halle
est beaucoup trop chargé, d'une disposition incohérente qui fatigue
le regard. Comme peintre de nature morte, M. Thurner a moins
 de succès.
    Mme Puyroche-Wagner a exposé une Moisson de Mai d'un
 travail très fin, très élégant et cependant d'une grande force de
 couleur. Je supprimerais volontiers les oiseaux qui n'ajoutent rien
 au tableau ; mais à part cette légère critique, l'artiste ne mérite
 que des éloges auxquels il faut associer M- Jance, dont les progrès
 sont incontestables.
    Venant aux natures mortes, je n'ai que l'embarras du choix.
 Parlerai-je de M. de Cocquerel? Mais on a tout dit sur ces poissons
 et sur ces cerises, depuis que la critique a dû les apprécier ; de
 M. AUard, un ingrat qui abandonne, sans doute par paresse, la
 fleur pour la nature morte? De M. Rivoire qui a su donnera son
 aquarelle beaucoup de chaleur et de mordant?
    En ce genre, les maîtres sont encore MM. Peretti et Pizzetta.
 Leurs tableaux sont des Å“uvres de patience : l'un et l'autre poussent
 le scrupule de la fidélité jusqu'à l'exagération. Leurs bois sculptés
 sont travaillés à la loupe, leurs fruits sont appétissants et se déta-