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60                   LA REVUE LYONNAISE
   A partir de la Restauration, je dois arrêter cette nomenclature
écourtée. Tant et tant de caricatures ont été publiées, isolément ou
dans les journaux illustrés, depuis 1814 jusqu'en 1881, qu'on ne
s'en tirerait pas ; en général ces gravures ne sont pas rares, sauf
peut-être la collection du journal la Caricature, après 1830, dans
lequel Grahdville fit paraître sa célèbre procession de la Poire.
   C'est du commencement de la Restauration que doit être la
planche suivante : Cela ne se dit pas, mais cela se devine. Un
émigré de retour, costume rétrospectif, culottes courtes, perruque,
saisi par une nouvelle inattendue que lui donne son journal, peut-
être celle du retour de l'île d'Elbe, a mis bas sa culotte dans une
cour solitaire ; sa femme ou sa bonne, coiffée d'un bonnet extra-
vagant, avec un immense tablier, cache un peu le vieillard et tient
sa grande canne, elle écarte son tablier et ses jupes et se livre
aussi à une évacuation. Cette gravure comme esprit, comme in-
telligence de l'époque, comme pitié à l'égard de grandes infortunes
est à la hauteur des tartines écœurantes de certains partis. On ne lit
plus cela sans dégoût et sans se rendre compte de cet aveuglement,
et aujourd'hui nous faisons à peu près de même. La maladie est
passée à l'état chronique et les topiques les plus énergiques ne
peuvent tirer le moribond de son affaissement, il est désespéré.
   Et les caricatures lyonnaises, faut-il donc les négliger? Dieu
m'en garde, je.suis trop Lyonnais pour cela. Mais il faut observer
quelles se rapportent en général à des faits locaux, que les Lyon-
nais seuls peuvent apprécier, à des portraits dont il faut connaître
les originaux sinon de visu, du moins par tradition. Et de ces
charges- portraits on en trouve d'excellentes en divers recueils
dans les volumes intimes, et qui plus tard se vendront au poids de
l'or, de M. Alexis Roussel, dans le Bonnet de coton de M. Laooè
dont les poèmes au fusain de la salle des Pas-Perdus et de la
Bourse resteront légendaires, dans le journal de Guignol, l'ancien
bien entendu; celui d'à présent a faussé sa voie, ça n'est plus notre
Guignol, ni son esprit, ni son bon sens.
   Portraits ou anecdotes, faisons pourtant quelques citations; elles
seront superflues pour nos concitoyens, et dédaignées des étran-
gers. N'importe.
   Sur le projet de Perrache. Perrache, comme Morand, fut un