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LES PILULES A ARMAND SYLVESTRE __ ' O / 0 La grande voiture attelée de deux chevaux blancs, peinturlurée de couleurs violentes, s'était arrêtée à l'angle de la halle couver le servant au marché, là où il y avait un peu d'ombre. C'était un dimanche, à l'heure où finissent les vêpres. Les jeunes gens qui étaient assis sous l'auvent de toile des cafés, à boire la bière, se levèrent et se rapprochèrent, tandis que les gamins interrompaient leur partie de bouchon pour se grouper les premiers autour de la calèche superbe, bizarrement bariolée. La porte de la petite église s'ouvrit, les cloches lancèrent leur .. dernière volée, et, comme s'ils n'avaient attendu que ce signal, le fifre et le tambour; debout à la première banquette, commencèrent. L'infernal charivari dominait toutes les~rumeurs, caquetages de dévotes se hâtant de babiller comme pour se dédommager du silence forcé de l'église, exclamations joyeuses des enfants, rires des • jeunesses qui se sentent belles, résonnant comme un appel de clairon. Peu à peu, la foule se tassait autour de l'étrange machine, les dentelles des Arlésiennes se mariaient aux rubans multicolores dés femmes du Bourg, de Saint-Paul-Trois Châteaux, de Roussas. Partout les robes, les fichus, mettaient leurs notes claires sur la tache plus sombre que faisaient les vêtements de dimanche des hommes. Une buée lumineuse planait, enveloppant tout commed'une gaze translucide, dans la clarté crue du soleil d'août. Et c'étaient des Bou Dî! des Pecaïre ! les petits cris des filles qu'on chatouille