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                       LE SALON LYONNAIS                 °          83
 enlevés avec une véritable vigueur. C'est donc un peintre de
  natures mortes que nous révèle cette toile.
    Pourquoi les portraits de M. de la Brély méritent-ils, quoique à
 un degré moindre, le même reproche? Je ne veux pas chicaner cet
 artiste sur certaines incertitudes de dessin, ou quelques bizarreries
 d'attitude que tout le monde a pu remarquer. Mais la vie de ces
 figures est assez factice pour qu'on reporte son regard, quoique
 involontairement, sur les splendeurs du costume, sur la coloration
 chaude et vibrante de ces velours et de ces peluches, traitées avec
jun art, un brio et une science hors ligne.
    C'est encore une critique pareille que j'adresserai à M. Bail, De
 parti pris, cet artiste nous paraît éloigner des scènes qu'il étudie
 tout sentiment, tout mouvement, et ne demander la faveur du public
qu'à la réalité de son coloris, auquel il sacrifie même les règles de
la perspective ou de la composition générale. C'est là une entre-
 prisé périlleuse. Personne ne peut être assuré de saisir avec une
 exactitude absolue les dégradations de la lumière. Le dessin a ses
lois immuables, la composition, ses règles certaines; seule, la per-
fection du coloris est une qualité fantasque et variable, qui se dérobe
parfois à la poursuite des travailleurs les plus convaincus. Il est
donc sage de ne compter sur elle qu'à demi, de peur de faire un ta-
bleau dont la"froideur n'exclut pas l'incorrection. Ces observations
s'appliquent à la Mère Beaune, de M. Joseph Bail, qui est bien
l'élève de son père, mais non à ses Bibelots très remarquables et
très intéressants
    M. Saint-Cyr Girier ne doit pas se repentir d'avoir délaissé le
paysage pour les légumes. Autant son Automne à Saint-Paul de
 Varax nous paraît une toile d'un dessin hésitant et d'une couleur
douteuse, aux arbres lourds, aux feuilles massives entre lesquelles
l'air ne pourrait pas circuler, autant ses légumes sont splendides,
si opulents qu'ils sont faits pour un musée, mais non pour un appar-
tement et pour la table moins encore, comme me le faisait observer
un de nos plus fins amateurs. On dirait que cette courge gigan-
tesque a été coupée depuis longtemps et son apparence n'a rien de
frais ni d'appétissant. Les détails du tableau sont d'ailleurs soigneu-
sement étudiés. . ,
    Les mêmes qualités se rencontrent dans les œuvres de M. Bellet