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LA R E V U E LYONNAISE Je songeais que peut-être, un jour, En découvrant, ô mes beaux anges, Ce monde, et ses hontes, ses fanges, Vous songeriez à votre tour ; Que sur le sentier de la vie, Où vos pas courent si légers, Il peut surgir de tels dangers Que le néant vous fasse envie... Quoi !... vous aussi, chères amours, Vous trouveriez dans le calice L'amertume du'sacrifice, Les trahisons, les noirs détours ? Et mon impuissante tendresse Ne pourrait rien pour protéger Votre front contre le danger, Votre cœur contre sa faiblesse ? Et, comme nos premières fleurs Sous l'aquilon qui les déchire, Je verrais votre frais sourire Tomber sous le vent des douleurs ? Vanité de nos espérances ! Illusions!... Moi qui pour vous Rêvais les sentiers les plus doux Et les plus pures jouissances ! Moi qui rêvais un ciel bien bleu, Les vallons verts, les fraîches brises, Et les félicités promises A qui chérit son père et Dieu ! Mais l'abri que mon cœur lui-même Ne saurait pas vous ménager, Aux jours d'effroi, quand du danger Pourrait sonner l'heure suprême,